Thèse soutenue

Immigration, salaires et emplois : quels effets en France ?

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Auteur / Autrice : Anthony Edo
Direction : Farid Toubal
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 13/10/2014
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Économie (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre d'économie de la Sorbonne (Paris ; 2006-....)
Laboratoire : Centre d'économie de la Sorbonne (Paris ; 2006-....)
Jury : Président / Présidente : Lionel Fontagné
Examinateurs / Examinatrices : Farid Toubal, Frédéric Docquier, Hillel Rapoport
Rapporteurs / Rapporteuses : Gianmarco I. P Ottaviano, Gabriel Felbermayr

Mots clés

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Résumé

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En France, en 2010, un dixième de la population active était immigrée. Quel impact cet apport d’actifs a-t-il eu sur les salaires et l’emploi des natifs ? Une analyse centrée sur la substitution entre natifs et immigrés montre d’abord que l’immigration n’a eu qu’un faible impact sur le salaire des natifs de même niveau d’éducation et d’expérience. Une hausse de 10% de la part d’immigrés réduit le salaire mensuel des natifs de même qualification d’environ 0,6%. Ce résultat n’est pas surprenant compte tenu de la forte rigidité salariale qui caractérise le marché du travail français : l’existence d’un salaire minimum national et d’indemnités chômage élevées peut expliquer l’absence d’ajustement des salaires suite à une augmentation de l’offre de travail. Dans ce contexte de fortes rigidités salariales, l’ajustement porte sur le taux d’emploi. Nos résultats indiquent qu’une hausse de 10 % de la part des immigrés dégrade d’environ 3 % le taux d’emploi des natifs ayant des caractéristiques individuelles similaires : âge, formation, expérience professionnelle. L’emploi des natifs diminue au profit de celui des immigrés puisque ces derniers sont relativement plus attractifs pour les entreprises. Les immigrants sont notamment plus enclins à accepter des salaires plus faibles et des conditions de travail plus difficiles que des natifs de même qualification. Cette première analyse de court terme n’est que partielle puisqu’elle omet les effets de complémentarité que l’immigration devrait induire sur les travailleurs dont les qualifications différent de celles des immigrants. En tenant compte de ces effets de complémentarité, une seconde analyse montre que si l’immigration n’a aucune incidence sur le salaire moyen des natifs à long terme, l’immigration a produit en France des gagnants et des perdants depuis les années 1990. Dans la mesure où la population immigrée est de plus en plus qualifiée, l’immigration a réduit le salaire des natifs très qualifiés et augmenté celui des natifs faiblement qualifiés. L’immigration a donc contribué à la réduction des inégalités salariales entre les travailleurs qualifiés et non qualifiés constatée en France durant cette période. De même, nous montrons que la forte féminisation de la population immigrée a eu un impact différencié sur les salaires des natifs selon leur genre. Depuis 1990, nos estimations indiquent que l’immigration a diminué le salaire des femmes et augmenté celui des hommes. Cet effet asymétrique s’explique par le fait que les hommes et les femmes tendent à être imparfaitement substituables dans le processus productif.