Cinq essais sur la mauvaise qualité des institutions en Afrique
Auteur / Autrice : | Albert Tcheta-Bampa |
Direction : | François Facchini |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences economiques |
Date : | Soutenance le 10/04/2014 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale d'Économie (Paris ; 2004-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Centre d'économie de la Sorbonne (Paris ; 2006-....) |
Jury : | Président / Présidente : Claude Ménard |
Examinateurs / Examinatrices : François Facchini, Pierre Jacquemot | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Michaël Visser, Jean Cartier-Bresson |
Résumé
Cette thèse s'intéresse au rôle de la qualité des institutions sur le développement économique des pays. Elle se situe dans la perspective des travaux de la nouvelle économie politique. La méthodologie utilisée est principalement l'analyse économétrique de données originales, notamment d'évènements historiques profonds comme par exemple l'identité du colonisateur, les conflits lors de l'Indépendance, la guerre froide et les soutiens des États puissants du monde. Elle traite dans un premier chapitre de l'effet des institutions sur la croissance économique via les variables qui affectent la productivité totale des facteurs. Le résultat indique que la qualité des institutions explique les différentiels de croissance de la productivité totale des facteurs. La manière dont les institutions et les politiques économiques agissent sur celle-ci dépend également du niveau du développement humain de chaque pays. A partir de ce résultat acquis, la thèse se propose ensuite de savoir pourquoi dans certains pays, en particulier les pays africains, les institutions sont de moins bonne qualité que dans d'autres. La principale cause de l'existence d'un système institutionnel néfaste au développement économique serait l'existence de fortes incitations des élites ou des groupes sociaux qui exercent le pouvoir politique à maintenir des politiques et institutions inefficaces afin de rendre l'expropriation des rentes du secteur des ressources naturelles immobiles plus facile. Il est montré, en effet, que ces élites peuvent se maintenir au pouvoir voire s'enrichir sans mettre en œuvre des institutions et des politiques économiques développementalistes c'est-à-dire favorables au développement économique. Le deuxième chapitre présente un modèle théorique permettant d'analyser la politique gouvernementale endogène et les divergences dans les performances économiques liées aux incitations politiques générées par les rentes des ressources dans les pays d'Afrique. Le troisième chapitre analyse empiriquement l'impact de la qualité des institutions et de la dépendance aux ressources naturelles sur le taux de croissance du PIB. L'analyse montre qu'il n'y a malédiction des ressources naturelles que dans les pays où les institutions extractives ont été mises en place pendant la colonisation. De plus, le phénomène de la malédiction diminue en Afrique au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la fin de la Guerre froide. Le quatrième chapitre explique à partir des modèles de durée les grandes divergences de longévité au pouvoir des présidents africains. Le test trouve que c'est plus le mécénat des Etats puissants que la présence de ressources naturelles qui explique la longévité au pouvoir et que l'aide soviétique est plus efficace que l'aide américaine lorsqu'il s'agit de maintenir les dictateurs au pouvoir. L'utilisation des mécénats pour leur défense militaire permet aux dictateurs d'éviter de développer des institutions efficaces et la taxation. Le cinquième et dernier chapitre analyse l'effet de l'institutionnalisation des partis politiques (mesurée par la différence, dans un pays, entre le nombre d'années du parti politique du dirigeant, et le nombre d'années d'exercice du pouvoir de ce dernier) sur la qualité institutionnelle d'un pays. Il montre que lorsque le parti s'organise autour d'un homme, les débats à l'intérieur du parti portent uniquement sur le leadership, alors que quand il se fonde autour d'un programme le débat porte sur la définition de l'intérêt général. L'analyse montre également que l'absence d'institutionnalisation des partis a un effet sur la sélection des élites et sur le mode de gouvernance d’un pays, c'est-à-dire la Qualité des institutions.