Analyse et propagation de l’incertitude dans l’analyse de cycle de vie en agriculture
Auteur / Autrice : | Xiaobo Chen |
Direction : | Patrick Durand, Michaël Corson |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie et agronomie |
Date : | Soutenance en 2014 |
Etablissement(s) : | Rennes, Agrocampus Ouest |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L’Analyse du Cycle de Vie (ACV) est un cadre méthodologique pour évaluer les impacts environnementaux d'un produit, d’un service ou d’un système tout au long de son cycle de vie: depuis l'extraction des matières premières, jusqu'au recyclage ou à la mise en déchet (« du berceau au tombeau ») en passant par les processus de production et d’utilisation. Ses larges applications dans l'agriculture offrent des informations utiles pour les décideurs pour évaluer des impacts environnementaux des produits, comparer des impacts environnementaux entre les systèmes différents, et améliorer un système de production. Cependant, l'exigence en données et en modèles de bonne qualité utilisés en ACV entraîne différentes sources d'incertitude qui influent sur la faisabilité de l'ACV des systèmes agricoles et la crédibilité de ses résultats. Par exemple, il est difficile d'obtenir des mesures des émissions de nitrate après l'application d'engrais ou de fumier au sol, et l'estimation des émissions avec des facteurs d'émission ne peut pas représenter toutes les conditions, surtout dans une région où les pratiques agricoles sont particulières (gestion conventionnelle versus biologique). En conséquence, les objectifs scientifiques de cette thèse sont d'identifier les sources d'incertitude en ACV agricole et d'aider les analystes à choisir les méthodes appropriées pour représenter différents types d'incertitude dans le système agricole et pour analyser leurs influences sur l'incertitude totale des impacts environnementaux. L'incertitude en ACV peut être divisée en deux types selon sa nature: incertitude épistémique (manque de connaissances) et variabilité (différence intrinsèque). Les deux types d'incertitude ont les définitions fondamentalement différentes, et la distinction entre eux aide les analystes ACV à réduire incertitude épistémique (ex. , en améliorant des mesures) et à mieux comprendre la variabilité du système étudié (ex. , en recherchant des informations plus représentatives). Pour être plus explicite, chaque type d'incertitude peut être divisé en trois sous-catégories selon la source : l’incertitude paramétrique, de modèle, ou de scénario et la variabilité spatiale, temporelle, ou naturelle. Le type d'incertitude détermine la méthode utilisée pour le représenter et propager, dont chacune a ses propres caractéristiques et limites en fonction du contexte du système agricole étudié et de l’étude elle-même. Donc, afin de mieux aborder l’incertitude dans les études ACV, l’arbre de décision proposé dans cette thèse permet les analystes ACV d'avoir plusieurs choix de méthodes face à différents types d'incertitude. Cependant, l'application de méthodes différentes doit être réalisée au cas par cas, parce que des situations particulières peuvent se produire dans une étude de cas réelle qui ne peuvent pas être traité dans une guide générale. Parfois d’autres facteurs, comme le coût de calcul et le niveau de confiance acceptable, doit aussi être considéré lors de l'analyse de l'incertitude en ACV. L'approche probabiliste est en général utilisée pour quantifier la variabilité naturelle et l'incertitude paramétrique, tandis que les intervalles (flous ou précis) peuvent être plus appropriés pour représenter l'incertitude paramétrique. Dans les systèmes agricoles, les deux types d'incertitude se produisent souvent ensemble. En conséquence, les deux méthodes ont été appliquées pour représenter la variabilité naturelle sur les caractéristiques des fermes agricoles et l'incertitude paramétrique sur les facteurs d'émission, respectivement, pour estimer des impacts environnementaux des exploitations laitières en Bretagne (France). Ces incertitudes des données d’entrée ont été propagées par la simulation de Monte Carlo vers l'incertitude finale des impacts potentiels, représentés avec la théorie de Dempster-Shafer (DST). En parallèle, les corrélations entre les variables d'entrée de caractéristiques des exploitations ont été contrôlées en utilisant des distributions de probabilité multidimensionnelles. Cette démarche permet d'avoir une estimation plus réaliste que d'utiliser des distributions aléatoires indépendantes. La représentation de l'incertitude totale avec la DST a distingué la variabilité sur les impacts potentiels de l'incertitude épistémique sur ses valeurs moyennes. Ainsi, l'interprétation de l’analyse d’incertitude devrait expliquer soigneusement les différences entre eux. Les attitudes des décideurs en face du risque (i. E. , l’indice de confiance) peuvent être intégrées dans la représentation DST sous la forme d’une seule distribution pondérée d’impact, qui semble plus facile à interpréter qu’un impact dont son étendue des valeurs est limitée par deux distributions séparées. Cependant, il y a des limites sur l'application de la DST à l’analyse de l’incertitude, et d'autres études devraient être réalisées à l'avenir sur les corrélations entre les variables qui sont représentées de manière imprécise, les algorithmes d'optimisation ad hoc pour améliorer l'efficacité de la propagation et l'intégration d'autres types d'incertitude dans le même cadre de l'ACV. En outre, il est nécessaire d'appliquer la DST dans plusieurs études de cas pour la valider. En conclusion, l'analyse de l’incertitude, comme un composant important de l’ACV, devrait offrir une évaluation raisonnable et réaliste des systèmes étudiés face à diverses sources d'incertitude. L'existence d'incertitude, qui est inévitable, ne devrait pas restreindre la recherche et la prise de décision, mais au contraire devrait aider les analystes ACV à compléter leurs connaissances par rapport au système étudié, en identifiant les informations clés nécessaires. L’existence de plusieurs méthodes d'analyse de l'incertitude donne aux analystes ACV des choix flexibles dans les différents contextes de système agricole ou d’étude ACV. De plus, utiliser une méthode appropriée fournit des estimations crédibles des impacts, qui reflètent l'état réel des connaissances et peut encourager les scientifiques à chercher plus d'informations.