Violences coloniales et écriture de la transgression : études des oeuvres de Déwé Görödé et Chantal Spitz
Auteur / Autrice : | Audrey Ogès |
Direction : | Dominique Jouve |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature |
Date : | Soutenance le 25/07/2014 |
Etablissement(s) : | Nouvelle Calédonie |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale du Pacifique (Faaa ; 2005-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre des nouvelles études sur le Pacifique (Nouméa) - Centre des Nouvelles Etudes sur le Pacifique / CNEP |
Jury : | Président / Présidente : Bernard Rigo |
Examinateurs / Examinatrices : Bernard Rigo, Serge Linarès, Bonnie Thomas |
Mots clés
Résumé
Les littératures de pays anciennement colonisés, ou "postcoloniales", développement un mode d'expression original, qui outrepasse des limites. En s'appuyant sur les analyses de Patrick Sultan, on constate que la transgression est présente partout dans ces oeuvres : transgressions politiques, discursives, sociales, linguistiques et littéraires. Les auteurs postcoloniaux se définissent dans un rapport de tension avec l'ordre établi : pour exister, ils choisissent de rejeter l'héritage colonial. Pourtant, paradoxalement, le français demeure la norme, la langue d'expression. Ainsi, Déwé Görödé et Chantal Spitz, deux auteures respectivement kanak et polynésienne, subvertissent dans leurs oeuvres les normes, les codes et les formes liées à la culture française, accédant ainsi à une liberté nouvelle. Elles expriment leurs souffrances, dans une position anti-coloniale, où elles résistent à l'inclusion dans l'Etat-nation. Ceci se traduit dans l'écriture, où le refus des normes est omniprésent : transgressions des genres, déconstruction des codes grammaticaux, recours à des formes linguistiques jugées "familières" ou "populaires", expression de la révolte et de la violence...Elles assument cette nouvelle parole, et ce nouveau style d'écriture, qui est le leur. De plus, elles choisissent des personnages subversifs. Cette forme de littérature transgressive, qui porte les stigmates du colonialisme, est porteuse d'une joie paradoxale : le sérieux du propos politique peut côtoyer des passages plus légers, où les deux auteures s'amusent avec les mots, inventent des tournures de phrases, des néologismes, des calembours...L'écriture, très puissante, dévoile ainsi une grande fantaisie verbale. Si les femmes sont montrées comme victimes de la violence des hommes, dont elles restent souvent esclaves, elles expriment aussi une philosophie joyeuse, une philosophie du présent, un "gai savoir" au sens nietzschéen.