Thèse soutenue

Maintien du polymorphisme de couleur de fleurs chez Iris lutescens (Iridaceae)

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Auteur / Autrice : Hui Wang
Direction : Eric Imbert
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Evolution, écologie, ressources génétiques, paléontologie
Date : Soutenance le 08/12/2014
Etablissement(s) : Montpellier 2
Ecole(s) doctorale(s) : Systèmes Intégrés en Biologie, Agronomie, Géosciences, Hydrosciences, Environnement (Montpellier ; École Doctorale ; 2009-2015)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences de l'évolution (Montpellier)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Eric Imbert, Nathalie Machon, Yuval Sapir, Doyle Mc Key, Sylvie Baudino
Rapporteur / Rapporteuse : Nathalie Machon, Yuval Sapir

Résumé

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L'importance du polymorphisme des fleurs en biologie évolutive est reconnue par les biologistes depuis Darwin. Le rôle attracteur des fleurs des Angiospermes représente une composante essentielle dans le comportement des pollinisateurs. En particulier, la couleur des fleurs est l'un des signaux principaux utilisés par les pollinisateurs pour repérer les fleurs et apprendre à reconnaître la présence d'une ressource. En conséquence, toute variation de couleur devrait être rapidement perdue au sein des populations en raison de la sélection directionnelle imposée par les pollinisateurs. La question du maintien du polymorphisme reste donc une question importante. Dans ce travail, nous étudions une espèce répandue dans le nord du bassin méditerranéen, Iris lutescens Lam. (Iridaceae). Cette espèce trompeuse présente un polymorphisme génétiquement déterminé et important de la couleur des fleurs, avec des individus à fleur violette et des individus à fleur jaune présents en sympatrie dans le sud de la France. Nous avons réalisé plusieurs expériences pour expliquer le maintien du polymorphisme chez cette espèce. La différence de couleur des fleurs chez cette espèce est due à la production d'anthocyanes, principalement la delphanine qui est présente en forte concentration dans les fleurs violettes. Ce résultat suggère une modification dans la régulation de la chaîne de biosynthèse des pigments anthocyanes. Bien que les deux morphes de couleur soient visuellement discriminés par les insectes, les pollinisateurs, principalement des Apoïdés, ne montrent aucune préférence innée pour l'un des deux morphes. De la même façon, la cétoine hirsute, un herbivore fréquent dans les populations naturelles, ne montre pas de préférence. Le succès femelle dans les populations naturelles est positivement corrélée avec la fréquence du morphe jaune, et le succès mâle des fleurs jaunes est plus important que celui des fleurs violettes. Ces résultats sont en contradiction avec la sélection fréquence-dépendante négative, et suggèrent que le morphe jaune devrait envahir les populations. Les travaux sur la distribution de la variabilité génétique neutre (microsatellites) à l'échelle de l'aire de distribution de l'espèce ont permis de mettre en évidence un patron d'isolement par la distance pour les populations polymorphes en France, et les flux de gènes entre populations adjacentes pourraient limiter l'invasion du morphe jaune et permettre le maintien du morphe violet. Pour les populations monomorphes en Espagne, les flux de gènes sont réduits, la dérive est importante et le polymorphisme ne se maintient pas. L'ensemble de ces résultats suggèrent que les processus neutres contribuent au maintien du polymorphisme, mais nous ne pouvons pas exclure que des processus sélectifs favorisant le morphe violet (par effets pléiotropies des anthocyanes par exemple) jouent aussi un rôle. Nous suggérons que l'interaction entre les processus neutres et de sélection contribuent au maintien du polymorphisme de couleur des fleurs chez I. lutescens.