Modélisation du processus d'application des connaissances entre Recherche et Santé publique
Auteur / Autrice : | Sophie Goyet |
Direction : | Roger Frutos, Hubert Barennes |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Microbiologie/Parasitologie |
Date : | Soutenance le 10/12/2014 |
Etablissement(s) : | Montpellier 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | Systèmes Intégrés en Biologie, Agronomie, Géosciences, Hydrosciences, Environnement (Montpellier ; École Doctorale ; 2009-2015) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut Pasteur du Cambodge (Phnom-Penh) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Roger Frutos, Hubert Barennes, Pascal Millet, Christine Verdier, Emmanuel Cornillot, Sackona Phoeurng, Didier Fontenille |
Rapporteurs / Rapporteuses : Pascal Millet, Christine Verdier |
Mots clés
Résumé
La recherche en santé génère des publications scientifiques de plus en plus nombreuses. Or cette production scientifique n'est pas systématiquement intégrée dans la santé publique. Chercheurs et décideurs politiques ont des fonctionnements et des contraintes qui ne facilitent pas naturellement les échanges et l'application des connaissances (AC) issues de la recherche dans les politiques de santé. Cette thèse porte sur cet écart entre recherche et politiques de santé et analyse les facteurs déterminants du succès ou de l'échec du transfert des connaissances entre recherche et politiques de santé au Cambodge. Le premier chapitre définit le processus d'application des connaissances (AC) et passe en revue les rares interventions d'AC rapportées dans la littérature. Cette revue montre que l'AC n'est pas un concept nouveau, même s'il demeure peu maîtrisé et peu développé. Dans ce chapitre, nous passons également en revue les outils utilisés pour modéliser des processus et des recherches en santé. Nous concluons que l'UML (langage unifié de modélisation) apparait comme le meilleur outil de modélisation disponible pour analyser le processus d'AC. Le deuxième chapitre décrit une intervention d'AC que nous avons mise en place, puis analyse son impact et les déterminants de son succès partiel, utilisant pour cela les outils UML. La plupart des barrières étaient liées soit à une désynchronisation entre la production de connaissances, soit à la prise de décisions politiques et au manque de connaissance mutuelle entre chercheurs et décideurs. Parmi les facteurs favorisants, on a relevé le rôle déterminant d'un acteur qui était à la fois ‘décideur' et chercheur, ainsi que les bénéfices liés à l'intervention vecteurs de communication entre chercheurs et décideurs. Le troisième chapitre analyse tout d'abord quantitativement et qualitativement la production scientifique de la recherche en santé au Cambodge et montre que cette production scientifique ne couvre qu'en partie les priorités de santé publique du Cambodge même si plus de 85% des articles publiés sur la santé au Cambodge étaient accessibles gratuitement. L'étude suivante permet d'identifier les principales sources d'information des décideurs politiques ayant contribué à la préparation de la première loi nationale de lutte contre l'antibio-résistance. Nous montrons que la littérature scientifique n'est pas, au Cambodge comme ailleurs, un média approprié pour communiquer avec des autorités sanitaires. Finalement, en dernier chapitre, nous intégrons les diverses conclusions des précédents chapitres dans l'analyse des déterminants de l'AC, en tirons un modèle générique UML (diagramme de classes), que nous vérifions ensuite sur quatre projets de recherche conduits également au Cambodge dont trois ont réussi leur transfert de connaissances. Ce modèle qui pourrait être utilisable au Cambodge ou dans d'autres pays à ressources limitées. Nous concluons que si les principes de l'AC peuvent se résumer en quelques règles, ils se heurtent à de nombreuses barrières lorsqu'ils sont déclinés opérationnellement. L'AC est un processus complexe, itératif, dynamique et très contexte-dépendant. Un certain nombre de barrières à l'AC identifiées au Cambodge sont strictement identiques à celles rencontrées en Occident. Parmi les facteurs favorisants de l'AC, nous montrons que le rapprochement entre chercheurs et institutions nationales ou provinciales de santé est un atout majeur.