Thèse soutenue

L’argumentation dans la pensée d’al-Ghazâlî et d’Ibn Rushd

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Auteur / Autrice : Mohammad Alshatti
Direction : Henri-Hassan Sahloul
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Linguistique
Date : Soutenance le 20/12/2014
Etablissement(s) : Lyon 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon ; 2007-....)
Jury : Président / Présidente : Laurence Denooz
Examinateurs / Examinatrices : Floréal Sanagustin, Marc Geoffroy, Kamal Tayara
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurence Denooz, Élisabeth Vauthier

Résumé

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La question de la philosophie et de la religion que nous allons traiter ici n’a cessé, depuis le troisième siècle de l’hégire jusqu’à nos jours, de préoccuper les chercheurs de tous bords et de toutes origines. Il ne fait aucun doute que celui qui entreprend une recherche dans ce domaine va devoir faire face à de vraies difficultés. En effet, faire la différence entre les philosophes, les religieux et les théologiens n’est pas chose aisée. La religion et la philosophie sont considérées comme des activités de réflexion qui tentent chacune, avec ardeur et selon sa méthode propre, d’atteindre la vérité. Elles aident l’individu à comprendre les énigmes de la vie, sa complexité, certains secrets qu’elle comporte, et à vivre une vie naturelle.La religion vise à aider ses adeptes à bénéficier de la vie, à composer avec la réalité et ses différents niveaux de complexité, à travers une incitation et de façon consciente. Elle les pousse aussi à considérer cette vie d’ici-bas comme une station avant une autre vie. Quant à la philosophie, elle cherche à aider ses partisans à jouir de la vie en les exhortant à faire face à leurs difficultés croissantes, à développer leurs capacités rationnelles et à pratiquer la contemplation consciente, de même que la réflexion scientifique. Elle ne considère pas que l’homme doive abandonner cette vie pour une vie future promise par la religion. Ainsi, la philosophie peut saisir la vie de manière générale et expliquer ses subtilités, mais elle ne peut pas inventer une société différente des autres, harmonieuse et régie par les mêmes valeurs. La religion se distingue en revanche par sa capacité à créer des sociétés cohérentes qui partagent les mêmes dogmes, les mêmes valeurs et les mêmes traditions qui garantissent l’unité. Ainsi, si la religion vise à établir des sociétés vertueuses, la philosophie n’a pas vocation à bâtir des sociétés se fondant ou non sur des valeurs. Cependant, ni la religion ni la philosophie ou toute autre idéologie sociale ou politique ne peuvent ne pas subir la logique de l’histoire et son évolution permanente. Nous avons étudié cette question chez deux philosophes du cinquième et du sixième siècle de l’hégire, à savoir al-Ghazâlî et Ibn Rushd, du fait que cette époque a été une période charnière dans l’histoire de la philosophie islamique al-Ghazâlî un jurisconsulte, un spécialiste des fondements du droit, un philosophe et un des plus célèbres penseurs de l’islam. Il a vécu dans la deuxième moitié du cinquième siècle de l’hégire c'est-à-dire, durant la période que les historiens qualifient de la troisième époque abbasside. Ibn Rushd, lui aussi, philosophe, médecin jurisconsulte et juge est né en 1126. En effet, il a passé son enfance et une partie de sa jeunesse sous le pouvoir des almoravides, et le reste de sa vie sous la dynastie des almohades. al-Ghazâlî et Ibn Rushd sont deux grandes écoles de pensée qui représentent l’Orient et le Maghreb. Ils ont beaucoup écrit, et grandement contribué à l’évolution de la philosophie islamique, et à la progression du dialogue entre la rationalité et la spiritualité. al-Ghazâlî a critiqué les philosophes sur leurs positions qui étaient en contradiction avec les fondements du dogme islamique, et cela sur des points précis qu’il a exposé dans son ouvrage Tahâfut al-falâsifa. Ces critiques portent, comme il l’indique lui-même, sur les fausses conclusions fondées sur des hypothèses justes et inversement sur des conclusions exactes à partir d’hypothèses fausses. Dans la pensée islamique, certains savants anciens avaient l’habitude de mettre des barrières entre la spiritualité d’al-Ghazâlî et la rationnalité d’Ibn Rushd.Toutefois, nous pensons que cette opposition n’a pas de raison d’être, d’autant plus qu’il est avéré que la rationalité d’Ibn Rushd et la spiritualité d’al-Ghazâlî sont nécessaires et fondamentales pour la recherche de la vérité d’ici bas et celle de l’au-delà.