Thèse soutenue

Enquête sur l’évolution des cultes d’Amon thébain au Nouvel Empire (1550-1069 avant J.-C.) : iconographie et phraséologie

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Auteur / Autrice : Kaori Ueno
Direction : Laure Pantalacci
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues, histoire et civilisations des mondes anciens
Date : Soutenance le 19/12/2014
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Histoire et Sources des Mondes Antiques (Lyon ; 2003-....)
Jury : Président / Présidente : Claude Traunecker
Examinateurs / Examinatrices : Laurent Coulon, John Baines
Rapporteurs / Rapporteuses : Luc Gabolde

Résumé

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Dieu majeur du panthéon égyptien, Amon a acquis un prestige sans pareil comme dieu dynastique durant le Nouvel Empire à Thèbes. Depuis sa première attestation certaine au début de la 11ème dynastie, après l’unification des territoires égyptiens, les rois régnants n’ont cessé de lui dédier des monuments, véritables trésors des arts égyptiens. Pendant le Nouvel Empire, la popularité d’Amon diffuse parmi les particuliers des différentes conditions sociales. Ils ont produit de nombreux monuments, variés dans leurs formes, représentant Amon sous divers aspects. Dans une approche concernant l’évolution du culte amonien, nous nous sommes plus particulièrement intéressées à la fonction d’Amon, selon ces différents aspects. Il existe bien sûr des études plus anciennes consacrées à tel ou tel aspect spécifique d’Amon, mais aucune ne donne cependant une vision globale de l’ensemble de ces aspects. Nous avons donc voulu savoir quelle fonction était liée à quel aspect d’Amon, sous forme humaine ou animale. Pour mener ces enquêtes systématiques, nous avons utilisé la méthode statistique, encore peu courante dans l’étude de la religion égyptienne. Comme elle doit s’appuyer sur des exemples en nombre significatif, nous avons choisi la période et le lieu les plus prolifiques pour l’iconographie d’Amon : le Nouvel Empire à Thèbes. Nous avons de plus sélectionné deux types d’objets particulièrement répandus, les stèles et les statues, appartenant à des gens de diverses conditions sociales, afin de comparer le culte amonien selon les différentes catégories sociales. En nous basant sur le croisement de données portant sur plus de 500 monuments, nous avons effectué deux séries d’analyses : une analyse iconographique (type de rite, personnages associés) et une analyse phraséologique (types de formules et épithètes), en tenant compte des datations et des provenances (rive est ou ouest du Nil). Cette analyse a produit des résultats intéressants sur l’évolution des cultes d’Amon à cette période. Nous avons notamment pu mettre en évidence les traitements très différenciés entre les rois et les particuliers dans la façon d’approcher Amon. En somme, les rois ont sélectionné des motifs évoquant des moments importants des cérémonies officielles. Dans la phraséologie d’Amon, qui reste conventionnelle, les rois ont mis en avant l’appellation parentale « fils et père » et la qualité de « souveraineté ». Dans la réalisation de leurs monuments, ils ont voulu s’identifier à Amon anthropomorphe ou dialoguer avec lui une relation réciproque, les plaçant sur un même rang, de manière à manifester leur royauté. Lorsqu’ils optent pour l’aspect animal d’Amon, c’est toujours dans la statuaire et sous la forme criocéphale. Leurs statues portant un objet criocéphale, liées au culte ambulatoire de l’entité divine, ont été installées dans les lieux les plus ouverts au public, à l’inverse des statues royales représentant Amon anthropomorphe, qui sont installées au fond des sanctuaires. Il existait certainement une hiérarchie entre les aspects humain et animal dans la pensée royale.En revanche, les particuliers ont représenté Amon sous divers aspects. Il est l’objet de leurs prières pour régler leurs affaires quotidiennes ou pour assurer leur survie posthume. Ils sont alors figurés dans des scènes d’adoration envers Amon, sous sa forme humaine ou animale et même sous la forme d’animal entier. Les particuliers montrent plus de flexibilité que les rois dans la sélection d’épithètes moins habituelles. Celles-ci manifestent tantôt la qualité de « démiurge », tantôt la qualité d’Amon comme « intercesseur » ou « sauveur » du peuple.Au terme de cette enquête, nous pouvons établir un nouveau corpus raisonné de l’iconographie et de la phraséologie d’Amon. Il nous est désormais possible de différencier les cultes officiels royaux, des pratiques privées et de « piété personnelle » grâce aux préférences montrées par les dédicants pour un type de monument en fonction de leur statut ...