Thèse soutenue

Travail et racisme : carrières d’intérimaires d’origine maghrébine et africaine et épreuves de la discrimination

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Auteur / Autrice : Gregory Giraudo
Direction : Laurence Roulleau-Berger
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie et anthropologie
Date : Soutenance le 25/11/2014
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Triangle : Action, Discours, Pensée politique et économique (Lyon ; 2005-....)
Jury : Président / Présidente : Serge Paugam
Examinateurs / Examinatrices : Michel Kokoreff, Michel Lallement, Jean-Paul Payet, Jacqueline Laufer

Résumé

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Ce travail de thèse propose de s’intéresser aux insertions professionnelles et inscriptions économiques d’hommes et femmes originaires des pays du Maghreb et d’Afrique subsaharienne dans le travail intérimaire. L’accent sera porté dans un premier temps, sur la construction et l’expression de discriminations, révélatrices de formes de racisme plus ou moins fortes, plus ou moins directes, plus ou moins visibles, plus ou moins différenciées selon le genre, dans les cadres de l’intérim. L’analyse des processus identifiés nous amènera à parler d’un phénomène de démultiplication des cadres et de décentralisation des discriminations dans le travail intérimaire. Dans un second temps, nous nous intéresserons au racisme en tant qu’épreuve et nous soulignerons par quels mécanismes il se manifeste envers les salariés intérimaires, et comment ces derniers parviennent à gérer ou non des situations de mépris et de violence dans le travail. Nous verrons que tout autant que l’expression du racisme, les stratégies individuelles et collectives mises en exergue, participent à la réversibilité dans les carrières intérimaires, qu’elle se traduise par des résistances face à la stigmatisation ou par un renforcement et un durcissement des mécanismes de discrimination et d’exclusion. Mais d’autres stratégies individuelles et collectives peuvent se mettre en place face au racisme et aux discriminations, notamment celle consistant à se taire, à jeter un voile sur les violences, les situations de mépris, les insultes et autres humiliations. Etre victime de racisme consiste alors à « garder la face », à conserver un secret, sachant que ces stratégies peuvent aboutir à des bouleversements identitaires, voire, à la gestion « d’identités indicibles ». Les discriminations et les formes de racisme qui se construisent et s’expriment dans les cadres de l’intérim étant le plus souvent masquées, se présentant voilées, se glissant dans les plis des interactions, se cachant dans la répartition des tâches professionnelles ou l’attribution du sale boulot ; et les victimes se taisant ou n’étant pas reconnues comme telles, on parlera alors de discrimination silencieuse dans le travail intérimaire.