Thèse soutenue

Le rôle de l’intentionnalité et de l’affiliation sociale dans les processus inférentiels : quatre études inspirées par l’inférence contrastive

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Auteur / Autrice : Tiffany Morisseau
Direction : Ira A. Noveck
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie (doctorat psychologie mention psychologie cognitive)
Date : Soutenance le 05/12/2014
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Neurosciences et Cognition (NSCo) (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Langage Cerveau Cognition (Bron)
Jury : Président / Présidente : Pascal Boyer
Examinateurs / Examinatrices : Danielle Matthews
Rapporteurs / Rapporteuses : Walter Schaeken

Mots clés

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Résumé

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Cette thèse s’est proposé d’explorer le rôle de l’intentionnalité et de l’affiliation sociale dans la compréhension des inférences communicatives. Trois des quatre études principales portent sur l’inférence contrastive, qui consiste à déduire d’une expression référentielle telle que le chien sec, l’existence d’un autre objet de même nature (un autre chien) dans le contexte de la communication en cours. Les études que j’ai menées dans ce travail de thèse suivent une réflexion autour de cette inférence particulière, s’inscrivant à ses débuts dans le champ traditionnel de la pragmatique expérimentale et portant une attention croissante au rôle de l’affiliation sociale dans la communication inférentielle.L’Etude 1 propose un paradigme original qui capte de façon précise la capacité des sujets à faire une inférence contrastive, dans un contexte théorique qui fait généralement l’hypothèse d’un traitement par défaut lorsque les conditions contextuelles sont réunies. Une trajectoire développementale a été mise en évidence chez les enfants, et les performances des adultes mettent en évidence le caractère optionnel de cette inférence. L’Etude 2 s’intéresse à l’âge à partir duquel les enfants se montrent capables d’utiliser leurs attentes de rationalité sur les actes référentiels du locuteur pour se poser la question des raisons qui incite celui-ci à utiliser une description plus informative que nécessaire a priori. Les résultats de cette expérience montrent qu’à 5 ans, mais pas à 3 ans, les enfants sont ralentis dans le processus de compréhension d’une instruction lorsqu’elle est sur-informative, suggérant qu’ils sont sensibles à la pertinence d’un choix référentiel.Dans la continuité de cette réflexion sur le rôle fondamental de la prise en compte des intentions d’autrui dans les inférences pragmatiques, la question s’est posée de savoir si la relation entre le sujet et le locuteur pouvait influencer le processus inférentiel lui-même. Une première démarche a été de regarder si une induction de groupe minimal aurait un effet sur la propension à prendre la perspective visuelle de l’autre dans une tâche communicative (Etude exploratoire). Les études suivantes suivent une approche différente pour répondre à cette même question, à partir de l’idée que les inférences pragmatiques jouent un rôle dans l’établissement et le maintien des liens sociaux. L’Etude 3 est une étude en électromyographie et porte sur le cas particulier des blagues. L’affiliation sociale entre le locuteur et le sujet a été manipulée à partir d’une induction politique. Cette étude sur les blagues montre que la compréhension d’une inférence humoristique est mieux valorisée et génère davantage de réactions positives lorsque le locuteur a une pertinence sociale pour le sujet. L’Etude 4 teste avec un paradigme d’eyetracking l’hypothèse d’un effet de l’affiliation sociale sur l’inférence contrastive. Les résultats montrent qu’une induction politique influence la manière dont l’inférence d’un objet contraste est traitée. Précisément, lorsque le locuteur est un membre de l’outgroup, les individus vérifient davantage le contexte épistémique du locuteur pour s’assurer de la présence d’un objet contraste qui justifie l’utilisation d’une expression référentielle sur-informative du point de vue du sujet. L’ensemble de ces études apportent un éclairage nouveau sur l’inférence contrastive, à partir d’une démarche issue des récents développements de la pragmatique expérimentale. Elles contribuent également à caractériser le rôle des mécanismes sociaux impliqués dans la communication inférentielle.