Genèse et écriture de l’Histoire : ''Mein Jahrhundert'' de Günter Grass
Auteur / Autrice : | Laure Anne Dolliat |
Direction : | Anne-Marie Saint-Gille |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Etudes germaniques |
Date : | Soutenance le 30/06/2014 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de Recherche en Langues et Cultures Europeennes |
Jury : | Président / Présidente : Fabrice Malkani |
Rapporteur / Rapporteuse : Gérard Thiériot, Christine de Gemeaux |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L’objectif de la présente recherche est double: il s’agit dans un premier temps de proposer une autre lecture de Mein Jahrhundert de Günter Grass à partir des manuscrits en adoptant une perspective génétique au plus près du texte. À partir d’un corpus d’étude restreint, mais représentatif, recelant des documents sources explicites et montrant les différentes phases rédactionnelles nous avons mis en évidence un certain nombre de procédés caractéristiques de l’écriture grassienne et de phénomènes tant endogénétiques qu’exogénétiques révélant le recours à une intertextualité protéiforme déclarée ou dissimulée. Cette entreprise descriptive et interprétative s’est ensuite doublée d’une démarche herméneutique destinée à vérifier si l’ouvrage satisfait aux ambitions didactiques affichées par l’auteur en matière de transmission de l’Histoire, une transmission à finalité civique visant à prévenir ses bégaiements. En optant pour la polyphonie et le récit par le bas Grass entend également combler les lacunes du discours historiographique officiel. À l’issue d’un travail de recherche des sources avérées ou hypothétiques, nous avons mis en évidence que Grass a essentiellement recours à des sources journalistiques lui permettant d’ancrer le récit dans la réalité historique et d’inscrire son livre dans une veine populaire. La présence d’une matière documentaire implicite souvent dense requiert toutefois un savoir extratextuel de la part du lecteur, ce qui va à l’encontre d’une écriture populaire de l’Histoire, même si plusieurs degrés de lecture sont possibles. Le recours à la polyphonie prétendument garant d’une narration pluriperspective est un leurre en raison du marquage axiologique négatif de certains narrateurs laissant transparaître la position idéologique de l’auteur. Le choix des narrateurs, qu’ils soient empruntés à la réalité historique ou fictifs, comme celui des événements s’inscrit dans un système de valeurs univoque faisant constamment référence au discours épitextuel de l’auteur qui peut faire figure d’intertexte. L’écriture de l’Histoire s’appuie ainsi sur une rhétorique de la répétition polymorphe et transversale qu’elle soit autotextuelle, thématique, picturale ou concerne les procédés narratifs, ce qui accrédite la thèse d’un haut degré d’autoréférentialité de l’ouvrage et d’une perception autocentrique du siècle.