Bases cérébrales des processus de compétition et de hiérarchisation sociales
Auteur / Autrice : | Romain Ligneul |
Direction : | Jean-Claude Dreher, Christian Scheiber |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Neurosciences cognitives |
Date : | Soutenance le 10/12/2014 |
Etablissement(s) : | Lyon 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Neurosciences et Cognition (NSCo) (Lyon) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de sciences cognitives Marc Jeannerod (Lyon ; 2006-....) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Baptiste Van der Henst |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Claude Dreher, Christian Scheiber, Carmen Sandi | |
Rapporteur / Rapporteuse : Nathalie George, Mathias Pessiglione |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Le cerveau humain n'est pas seul face au monde. Il nait, grandit et vieillit, entouré par d'autres cerveaux qui poursuivent des buts similaires aux siens : survivre et s'accomplir. Dans cette quête, le cerveau humain apprend tôt l'immense valeur de la coopération et de la mise en commun des compétences, dont le total excède presque toujours la somme des parties. S'élever au-dessus de la nature, la comprendre et la maitriser ; ensemble. Mais la nature du cerveau est d'être égoïste, car ses subtiles machineries n'ont pas été sélectionnées par l'évolution pour permettre la perpétuation d'autres gènes que ceux qu'il porte en lui. Si l'émergence de la conscience constitue peut-être une promesse d'affranchissement vis-à-vis de cette contrainte en lui permettant de se conformer à des valeurs morales ou spirituelles, une multitude de mécanismes inconscients ou préconscients veillent à empêcher qu'autrui n'entrave l'accomplissement de sa finalité biologique. Lorsque deux individus visent une ressource indivisible, telles que les faveurs sexuelles d'un tiers, et plus généralement quand la possibilité du partage est supprimée par une urgence homéostatique qui réveille l'égoïsme tapi au fond de leurs natures, la coopération laisse place à la compétition sociale. C'est alors une affaire de compétence, de motivation et peut-être, de chance. Qu'il prenne la forme d'une lutte à mort, d'une guerre de mots, ou d'un simple combat de regards, ce conflit se résout dans un double évènement – la victoire de l'un et la défaite de l'autre – qui constitue la brique élémentaire de toute hiérarchie sociale biologique. L'issue d'un conflit social est avant tout une information, qui en dit long au perdant sur sa capacité à poursuivre ses buts en présence de l'autre. Son cerveau apprend qu'au milieu de cette nature qu'il peut espérer maitriser, il existe un autre cerveau qui peut le maitriser, lui. Ainsi, les hiérarchies sociales biologiques sont avant tout des hiérarchies de contrôle. Contrôle de certains individus par d'autres individus, auquel s'associent la préséance de certains buts sur d'autres et probablement une vulnérabilité variable face à certaines maladies mentales et somatiques. Les neurosciences sociales commencent seulement à se pencher sur la manière dont les informations relative aux hiérarchies sociales et aux conflits interindividuels est perçue, traitée et intégrée par le cerveau humain. A ce jour, seules quelques publications pionnières – poursuivant souvent des objectifs différents du notre – ont jeté les premières lumières sur les mécanismes neurobiologiques qui permettent à un être humain d'évaluer le niveau de contrôle ou le rang hiérarchique dont disposent ou pourraient disposer les autres individus de son groupe social. Dans cette thèse, nous exposons un certain nombre de résultats expérimentaux qui apportent chacun un éclairage nouveau sur les bases cérébrales des processus de hiérarchisation et de compétition sociales. Tout d'abord, l'utilisation de l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) nous a permis de localiser les processus impliqués dans l'apprentissage des aptitudes compétitives qui accompagne l'expérience des victoires et des défaites sociales. Cette première étude ayant entre autres mis en exergue l'importance du cortex préfrontal dorsomédian pour cet apprentissage « par renforcement » des relations de dominance sociale, nous avons ensuite utilisé la stimulation électrique transcranienne directe pour révéler le rôle causal joué par cette structure dans la régulation des comportements de compétition sociale... [etc]