Religion locale et pouvoir politique au Gabon : cas du rite Ndjobi chez les Mbede
Auteur / Autrice : | Guy Donald Adjoi - Obengui |
Direction : | Ahmed Boubeker |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 06/12/2014 |
Etablissement(s) : | Université de Lorraine |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Humanités Nouvelles - Fernand Braudel (Nancy ; 2013-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire lorrain de sciences sociales (Metz ; 19..-2023) |
Jury : | Président / Présidente : Joseph Tonda |
Mots clés
Résumé
Entre Sociologie politique et Anthropologie religieuse, cette thèse tente de comprendre l’interaction entre « Religion locale et pouvoir politique» dans la perspective de consolidation du pouvoir en Afrique, plus précisément au Gabon. Elle met l’accent sur la gestion du pouvoir politique en Afrique et analyse les rapports du rite initiatique Ndjobi avec le pouvoir politique dans la communauté Mbede. Ce champ thématique est déconstruit jusqu’à la nation gabonaise à travers l’initiation et l’implication des politiques locaux aux religions locales. Le rite Ndjobi serait une contre-offensive locale visant à réparer l’univers social et à protéger les Mbede. C’est un élément fondamental au maintien de l’ordre à travers le symbolisme de l’Okèlè é Ndjobi qui est l’affirmation par laquelle un initié prend à témoin le sacré et la vérité de la déclaration qu’il profère devant le panier contenant les reliques du Ndjobi. Pour un chef traditionnel, ce rite serait un moyen de compenser une déficience constitutionnelle de son pouvoir politique afin d’entretenir chez ses sujets initiés respect et surtout crainte. Le serment du Ndjobi serait un contrat politique de confiance à un chef de village, à un responsable politique initié à ce rite. A travers cette déconstruction, cette religion locale pourrait être appréhendée comme un support du pouvoir politique gabonais à l’échelle nationale. Les serments se font avec des paroles ; mais en Afrique noire, ces paroles ne sont pas légères. Elles permettent d’agir sur soi, sur les autres et sur le monde concerné comme une contrainte comparable à une épée de Damoclès. Cette contrainte s’exerce d’une manière subtile et imposée avec quelques négociations intra-politiques liées à la « politique du ventre » pour que l’initiation ne s’apparente pas à un acte subi et sorcellaire aux yeux de la population. La sorcellerie comme une sanction du rite Ndjobi est vécue par l’ensemble des Mbede et des initiés politiques, comme une menace permanente d’agression visant leurs corps, leurs biens et leurs familles. En effet, certains chefs traditionnels dit « Nga Mpugu» choisissent la ruse, la fraude, les crimes rituels, la possession matérielle comme moyen politique afin non seulement de contrôler la population, mais aussi de manipuler les envies de pouvoir de leurs adeptes et de leurs proches collaborateurs. En Afrique, « gouverner c’est prévoir » et prévoir, c’est mettre en place un mécanisme permettant d’éviter d’être surpris par l’ennemi qui peut être un proche. Ce serait, en fait, la mise en fonction d’une « Démocratie traditionnelle ». C’est dans ce sens que cette thèse peut s’inscrire dans la perspective de compréhension et d’analyse du politique en Afrique noire à travers les religions locales comme fondement du pouvoir politique malgré l’arrivée actuelle des obédiences religieuses modernes et des parrainages