Thèse soutenue

Développement de stratégies d’intervention innovantes face au symptôme hallucinatoire précoce : apport de la cognition et des nouvelles technologies

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Auteur / Autrice : Morgane Demeulemeester
Direction : Renaud Jardri
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 15/12/2014
Etablissement(s) : Lille 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Biologie-Santé (Lille ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Neurosciences Fonctionnelles et Pathologies
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Renaud Jardri

Résumé

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Dans sa conception contemporaine, l’hallucination est simplement définie comme une ‘perception sans objet à percevoir’. Elle reste cependant complexe à mettre en évidence et à appréhender en pratique clinique, notamment en population pédiatrique. L’anamnèse, au cours de laquelle le praticien devra éviter des écueils, tels que l’immaturité psychique et la potentielle existence d’un compagnon imaginaire, peut être complétée par des méthodes d’évaluation lui permettant une caractérisation plus spécificique du phénomène. Ce symptôme a fait l’objet d’un regain d’intérêt ces 30 dernières années dans le domaine scientifique. Il est maintenant admis que les hallucinations ne se retrouvent pas exclusivement dans un contexte étiologique schizophrénique, mais qu’elles peuvent également apparaître au cours du développement normal et être de résolution spontanée. Malgré cela, encore peu d’études à l’heure actuelle se sont spécifiquement intéressées à son caractère précoce, transdiagnostique et à sa thérapeutique chez l’enfant et l’adolescent. Néanmoins différentes pistes d’intervention sont à notre disposition pour nous aider à mieux appréhender ce symptôme, qu’il s’agisse de son évaluation ou de sa thérapeutique. Au cours de ce doctorat, nous nous sommes intéressés dans un premier temps aux aspects cognitifs de l’hallucination. Sur la base du modèle de défaut d’attribution de la source, postulant que les hallucinations seraient le résultat d’une tendance à attribuer plus souvent les évènements auto-générés à un sujet externe, nous avons normalisé une tâche évaluant cette capacité cognitive. Nous avons pu mettre en évidence d’une part, chez nos sujets sains recrutés pour l’étude de normalisation, un effet du vieillissement pathologique préférentiellement pour le reality monitoring (distinguant une source interne au sujet d’une source externe à lui) ; d’autre part, ces données confrontées à la pathologie, ont révélé des performances réellement déficitaires chez des patients souffrant de schizophrénie et présentant des hallucinations pharmaco-résistantes pluri-modales. Notre objectif est par la suite d’obtenir des données normatives pour une population pédiatrique. Dans un second temps, nous nous sommes intéressés à l’évaluation psychométrique des hallucinations précoces. Au vu du manque d’outils, nous avons associé l’aspect ludique des nouvelles technologies à une évaluation complète et rigoureuse du symptôme. Ainsi, nous avons développé une application pour tablette tactile combinant l’évaluation de la cognition, notamment de la théorie de l’esprit, et de la sévérité du symptôme. En effet, les capacités de théorie de l’esprit ont récemment été identifiées comme marqueurs pronostiques dans la résolution des hallucinations chez l’enfant. L’objectif premier de ce travail est donc de fournir un outil fiable d’évaluation de l’hallucination précoce, l’objectif sous-jacent de cet outil étant de permettre un suivi longitudinal de l’enfant et d’adapter au mieux sa thérapeutique. Enfin, nous nous sommes attelés à la mise en place d’une thérapeutique innovante chez l’enfant et l’adolescent, qui n’est autre que la stimulation magnétique transcrânienne répétée (rTMS). Cette technique de neuromodulation a pour avantage de cibler un symptôme et non une pathologie et peut donc s’appliquer à un certain nombre de sujets hallucinés. L’objectif de ce travail était d’étudier plus en avant l’hallucination précoce au moyen d’approches diverses et variées facilitant la mise en confiance de l’enfant et la caractérisation tant phénoménologique que cognitive du symptôme par le praticien. Les résultats réunis dans ce travail de doctorat mettent en évidence qu’il est possible d’appréhender le symptôme hallucinatoire précoce grâce à la cognition et aux nouvelles technologiques. Ces approches nous permettent d’améliorer notre prise en charge en nous donnant une meilleure compréhension du symptôme et des mécanismes associés.