Les acteurs associatifs et la lutte contre le sida au Bénin : de la professionnalisation au gouvernement des corps
Auteur / Autrice : | Clément Soriat |
Direction : | Olivier Nay, Fred Eboko |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 26/05/2014 |
Etablissement(s) : | Lille 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale des Sciences Juridiques, Politiques et de Gestion (Lille ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'études et de recherches administratives politiques et sociales (Lille) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Pierre Mathiot |
Rapporteurs / Rapporteuses : Dominique Darbon, Laurent Vidal |
Mots clés
Résumé
Dans la plupart des pays francophones de l’Afrique de l’Ouest et centrale, les politiques de lutte contre le sida semblent davantage avoir été suscitées par des financeurs internationaux qu’elles ne sont le fruit de mobilisations collectives. Le Bénin est sur ce point emblématique. Les conditions d’émergence des acteurs associatifs béninois conduisent à leur implication dans l’action publique de lutte contre le sida selon une logique de « professionnalisation ». L’idée développée est que ce processus résulte d’une adaptation aux contraintes imposées par les bailleurs et qu’il n’est pas neutre. Il a des effets politiques et contribue à la redéfinition de relations de pouvoir, tant au sein de l’espace de la lutte contre le sida que dans les arènes locales dans lesquelles les acteurs associatifs sont implantés. Ces effets sont masqués par un phénomène de neutralisation politique entretenu par la focalisation des acteurs sur des enjeux techniques. Ils sont pourtant bien réels. Les mobilisations collectives sont mises à distance. Des groupes sociaux favorisés (les akowé), en investissant les ONG et les associations locales, acquièrent de nouvelles positions de pouvoir. Leur maîtrise des instruments promus par les bailleurs, indicateur majeur de leur professionnalisation, participe grandement à la construction de leur légitimité à occuper ces positions. Enfin, l’usage des instruments en question peut avoir des effets en termes de gouvernement des corps, les acteurs associatifs renforçant alors leur contrôle sur les séropositifs et participant à la construction de la population comme objet de connaissance et de gestion à distance.