Thèse soutenue

Les harraga en Algérie : émigration et contestation

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Auteur / Autrice : Farida Souiah
Direction : Catherine Wihtol de Wenden
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 06/12/2014
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Sciences Po (Paris ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches internationales (1952-.... ; Paris)
Jury : Président / Présidente : Jean-Paul Chagnollaud
Examinateurs / Examinatrices : Catherine Wihtol de Wenden, Michel Peraldi, Monika Salzbrunn, Mohamed Khachani, Luis Martinez
Rapporteurs / Rapporteuses : Michel Peraldi, Monika Salzbrunn

Résumé

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Cette thèse est consacrée aux « brûleurs » de frontières – les harraga – qui tentent de quitter l’Algérie sans passeport, ni visa sur des embarcations de fortune, au péril de leur vie. Elle s’appuie et discute le modèle « exit, voice et loyalty » développé par Albert Hirschman afin de stimuler la réflexion et explorer la relation entre émigration et contestation. À partir de sources très diverses – des entretiens semi-directifs avec des harraga et des membres de leur famille, l’observation de procès de harraga, des articles de presse, des productions culturelles, des discours politiques, des textes de lois et des documents d’orientation politique – cette thèse documente les facteurs et les modalités de départ des harraga. Elle s’intéresse également au processus de publicisation et politisation de ce phénomène migratoire en Algérie et analyse les politiques mises en œuvre par les autorités algériennes afin de lutter contre la harga. Les harraga estiment qu’ils appartiennent aux marges d’un système socio-économique corrompu et inégalitaire dans lequel ils n’ont aucune perspective d’amélioration. Confrontés aux politiques migratoires restrictives, ils ne peuvent quitter le pays en respectant les lois imposées par les États. En raison des profils des harraga et de la dangerosité des itinéraires migratoires empruntés, la harga nourrit un discours critique qui porte à la fois sur la responsabilité des autorités dans la perpétuation d’un ordre socio-économique et politique qui pousse de jeunes algériens à quitter le pays, et sur la politique répressive mise en œuvre en réponse à la harga. En réponse à ce phénomène migratoire, les autorités algériennes mettent en œuvre une politique répressive qui s’inscrit dans des dynamiques de politique intérieure et extérieure. Le durcissement des lois sur l’émigration-immigration « irrégulière » en Algérie s’inscrit dans un contexte régional et dans le cadre de l’externalisation des frontières extérieures de l’Union européenne.