Déterminants réfléchis et impulsifs des comportements d'activité physique : l'apport des modèles duaux
Auteur / Autrice : | Boris Cheval |
Direction : | Philippe Sarrazin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Mouvement et Comportement pour la Santé et l'Autonomie |
Date : | Soutenance le 04/07/2014 |
Etablissement(s) : | Grenoble |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale ingénierie pour la santé, la cognition, l'environnement (Grenoble ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Sport et environnement social (Grenoble) |
Jury : | Président / Présidente : François Cury |
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Desrichard, Laurent Bègue-Shankland | |
Rapporteur / Rapporteuse : Vincent Dru, Luc Pelletier |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Promouvoir la pratique d'une activité physique (AP) régulière fait partie des priorités de santé publique étant donné la faiblesse des taux de pratique constatée aujourd'hui dans la plupart des pays, malgré ses nombreux bénéfices sur la santé. Les théories dominantes des comportements de santé se focalisent sur les précurseurs « réfléchis » de l'action et supposent qu'il suffit de changer les cognitions conscientes d'une personne pour changer son comportement. Pourtant, les résultats de plusieurs méta-analyses indiquent qu'un changement dans les cognitions conscientes n'est que faiblement associé à une modification du comportement. Ces dernières années, des modèles duaux comme le Modèle Réflexion-Impulsion (MRI ; Strack & Deutsch, 2004) ont suggéré l'existence de précurseurs « impulsifs » susceptibles d'influencer les comportements à côté des cognitions conscientes. La question centrale de cette thèse est de savoir si l'utilisation des tels modèles enrichit la compréhension des mécanismes motivationnels impliqués dans la régulation du comportement d'AP. Prenant appui sur le MRI, un programme de recherche constitué de 5 études a été conduit afin (a) de tester l'intérêt de prendre en compte les processus impulsifs présumés par le MRI dans la prédiction du comportement d'AP, (b) d'examiner l'impact de la tendance impulsive d'approche (vs. d'évitement) des comportements sédentaires (CS) sur les comportements d'AP, (c) d'identifier les patterns de relations (e.g., additifs ou interactifs) qui existent entre les processus impulsifs et réfléchis qui régissent l'AP et les CS, (d) de repérer des variables dispositionnelles, motivationnelles et propres aux caractéristiques du comportement pouvant moduler le poids des processus réfléchis et impulsifs sur les comportements d'AP, et (e) tester plus directement la causalité de la relation entre les processus impulsifs et l'AP en manipulant expérimentalement les tendances impulsives d'approche de l'AP et des CS. Dans ce qu'ils ont d'essentiel, les résultats font apparaître que (a) l'intégration des processus impulsifs augmente le pourcentage de variance expliquée de l'AP (études 1 et 3) ; (b) la tendance impulsive d'approche (vs. évitement) des CS prédit prospectivement et négativement les comportements d'AP (études 1 et 3) ; (c) les processus impulsifs d'approche de l'AP et des CS ont des effets additifs (études 1 et 3) et interactifs (étude 1) qui permettent, entre autre, de mieux saisir les mécanismes par l'intermédiaire desquels un message de santé promouvant l'AP se transforme ou non en comportement véritable ; (d) plusieurs variables modulent le poids des processus réfléchis et impulsifs, comme (i) des différences interindividuelles dans le trait d'impulsivité (qui modulent l'interaction négative entre les intentions de pratique et la tendance impulsive à approcher les CS) (étude 2), (ii) le type de comportement (les AP spontanées de faible intensité sont principalement régulées par le système impulsif) (étude 3), (iii) la nature de la motivation (l'AP sous-tendue par une motivation contrainte est dépendante du système impulsif, ce qui n'est pas le cas pour une motivation autonome) (étude 4) ; et (e) la manipulation expérimentale des tendances impulsives à approcher (vs. éviter) l'AP et les CS provoque à la fois une modification de ces tendances et un temps de pratique plus important d'un exercice physique (étude 5). Pris ensemble, les résultats de ce travail doctoral supportent la validité prédictive des précurseurs impulsifs dans le cadre des comportements d'AP. Ils confirment l'intérêt du MRI pour mieux comprendre la complexité des processus motivationnels – impulsifs et réfléchis – impliqués dans la régulation des comportements d'AP. Au niveau des implications pratiques, ces résultats devraient inciter à développer des interventions ciblant non seulement la composante réfléchie, mais aussi la composante impulsive des AP.