Thèse soutenue

Les relations intergroupes interethniques, intercommunautaires dans un pays pluriel : le cas des "Créoles" à l'Ile Maurice

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Auteur / Autrice : Sylvie Maurer George-Molland
Direction : Susanne Berthier-FoglarGeorges Daniel Véronique
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Etudes anglophones
Date : Soutenance le 04/06/2014
Etablissement(s) : Grenoble
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale langues, littératures et sciences humaines (Grenoble, Isère, France ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études sur les modes de la représentation anglophone (Grenoble ; 2001-2014) - Centre d'Etudes sur les modes de la représentation anglophone - EA 3016 / CEMRA
Jury : Président / Présidente : Robert Griffiths
Examinateurs / Examinatrices : Serge Dufoulon, Martine Piquet, Victoria Briault Manus
Rapporteurs / Rapporteuses : Chantal J. Zabus, Éric Dacheux

Résumé

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L'évocation de l'Île Maurice fait rêver : ses couleurs « arc-en-ciel », ses plages paradisiaques et sa population accueillante sont bien connues dans le monde. L'île a été tour à tour colonie hollandaise, colonie française et colonie britannique. Aujourd'hui, elle fait toujours partie du Commonwealth, au même titre que d'autres ex-colonies, notamment l'Inde. Après presqu'un siècle et demi de domination britannique (1810-1968), Maurice est aujourd'hui une république indépendante qui souffre des maux typiques de la décolonisation et de l'ère postcoloniale. On y observe les problèmes liés à la construction identitaire, comme dans les sociétés multiethniques, sur lesquels se greffent des dysfonctionnements liés aux inégalités entre les groupes qui composent le pays. Cette thèse se propose de dépasser l'image idyllique que nous avons de cette île, pour nous concentrer sur la vie quotidienne de ses habitants, plus spécifiquement sur les relations sociales qu'entretiennent les « Créoles » avec les autres groupes en présence. Nous tentons d'identifier et d'expliquer les raisons pour lesquelles une certaine catégorie de Créoles est particulièrement touchée par la pauvreté et les discriminations, ce qui entraîne des fléaux tels que la prostitution, la drogue, l'alcoolisme, la violence domestique, le viol, les enfants des rues et les grossesses précoces. Après avoir rappelé les différentes phases de peuplement de l'Île Maurice, nous nous penchons sur les notions, parfois controversées, de « race », couleur, mondialisation, regard et perception, pour essayer de comprendre les relations assez conflictuelles entre les différentes communautés, notamment entre les Créoles et les Hindous. Nous émettons l'hypothèse selon laquelle le passé historique lié à l'esclavage, avec la déshumanisation dont ont été victimes les ancêtres d'un certain nombre de Créoles, pèse encore aujourd'hui sur leurs descendants. À travers des études de cas, des interviews et des observations, nous analysons les limites dans les relations interethniques, intergroupes et intercommunautaires, prenant en compte les particularités de chaque groupe afin de savoir dans quelle mesure certains peuvent être qualifiés d'ethnies, de communauté ou simplement de groupe. Le résultat de nos recherches sur le terrain nous montre que différentes formes de discrimination sont exercées contre les Créoles et qu'elles sont dues essentiellement au verrouillage exercé par les Hindous, les seuls véritables détenteurs des rênes politiques locales, en plus, bien entendu des riches Blancs et des riches Chinois. Nous observons cependant que les Créoles semblent enfin commencer à accepter leur identité, dans un monde postcolonial où ils s'autonomisent et se distancient d'un passé esclavagiste.