La projection d'usage des TICs : la composition de fictions axiomatiques au service de la recherche technologique
Auteur / Autrice : | Emmanuel Anjembe |
Direction : | Bernard Denni, Céline Verchère |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences politiques |
Date : | Soutenance le 20/10/2014 |
Etablissement(s) : | Grenoble |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Pacte, laboratoire de sciences sociales (Grenoble, Isère, France ; 2003-....) - Politiques publiques, actions politiques, territoires |
Jury : | Président / Présidente : Dominique Vinck |
Examinateurs / Examinatrices : Céline Verchère | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Josiane Jouët, Joëlle Le Marec |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L'« hypercompétitivité » (D'Avenir & Gunther, 1994) qui caractérise notre environnement économique contemporain fait de l'innovation une préoccupation stratégique pour les organisations. Celles-ci tentent de répondre à cette injonction par le recours à une multitude de « systèmes experts », caractéristique de la « modernité avancée » (Giddens, 1990). Parmi ceux-ci, la stimulation des activités de R&D est reconnue comme une contribution majeure qui nécessite l'utilisation croissante de champs d'expertises variés. C'est dans ce contexte que les sciences sociales sont mobilisées comme forme d'expertise contributives des « recherches spéculatives pour l'innovation » (Stewart & Claeys, 2009). Ces recherches interviennent en amont de processus d'innovation, en un lieu nommé « Fuzzy Front End » (Smith & Reinertsen, 1995), lieu dans lequel se forge la construction de la réalité sociale de l'invention : son usage ou plutôt sa projection. Notre thèse s'interroge sur ces technologies de production de connaissances que sont les projections d'usage et ambitionne de rendre intelligibles les politiques qu'elles mettent en oeuvre, la performance des collectifs mobilisés sur les recherches et sur eux-mêmes ainsi que les arrangements déployés par les acteurs durant ces processus. Notre immersion dans le tissu industriel grenoblois, et en particulier dans l'environnement du CEA-LETI, nous a permis de proposer une lecture des projections d'usage comme des compositions de fictions axiomatiques au service de la recherche technologique. En scrutant le concept d'usage, nous mettons en lumière les carrières empruntées par celui-ci et les mutations des pratiques associées. En interrogeant l'une des formes de la projection d'usage, le scénario, nous mettons en évidence les liens entre performativité et recours à la fiction. En interrogeant les mutations des composantes du projet, nous démontrons le caractère axiomatique des projections, en tant que forme de réponse à une demande sociale qui émane de plusieurs endroits et dont l'exigence de production de savoirs actionnables nécessite de composer avec des données en mouvement.