Thèse soutenue

Nijni Novgorod : interroger le paradigme de la "ville-nature" à l'ère postindustrielle
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Auteur / Autrice : Anna Voronina
Direction : Catherine MaumiAnna Gelfond
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Architecture
Date : Soutenance le 10/10/2014
Etablissement(s) : Grenoble en cotutelle avec Université d'État d'Architecture et du génie civil de Nijni Nogorod (Russie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Méthodes et histoire de l’architecture (Grenoble ; 1979-....) - Les métiers de l'histoire de l'architecture : édifices- villes- territoires / MHA-evt
Jury : Président / Présidente : Yves Chalas
Examinateurs / Examinatrices : Anna Gelfond, Alessandro De Magistris
Rapporteurs / Rapporteuses : Chris Younès, Frédéric Pousin, Valery Nefedov

Résumé

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Les recherches sur la ville de Nijni Novgorod suscitent des interrogations au sujet de la «ville-nature». Les spécificités de ce territoire, situé dans un autre contexte culturel, nous incitent à contester la généralisation d'un paradigme, celui de la «ville-nature». Il s'agit de revisiter la ville russe contemporaine par la complexité des interactions entre la construction urbaine, conçue par l'homme, et les processus naturels. Par le biais de la «ville-nature» nous repensons la ville et ses changements de conception : le passage d'une ville russe ancienne à la grande ville et à la ville socialiste. L'étude historique était essentielle pour comprendre le phénomène d'urbanisation et les origines des «natures» dans le milieu urbain, dont l'hétérogénéité résulte d'une séquence de bouleversements économiques et politiques. Nijni Novgorod ‒ centre d'agglomération industrielle, pendant la période soviétique Gorki — est fortement marquée par l'industrie. La postsoviétisation et la désindustrialisation ont engendré une recomposition urbaine, en rendant la structure urbaine illisible. Nijni Novgorod s'inscrit dans le territoire par des réseaux multiples dont la reconnaissance et la distinction, réalisées par une lecture stratifiée, à l'aide de la cartographie, mettent en évidence l'émergence du «vert» et participe à la qualification des espaces ouverts. «Sortir du vert» suppose de revisiter le rapport entre l'écologie et l'économie, ainsi que de reconsidérer la présence de la nature dans le milieu urbain par des activités économiques, des enjeux politiques et l'usage des processus naturels par l'homme. La thèse est structurée en entrées thématiques afin de présenter la diversité des rapports que la Nijni Novgorod contemporaine entretient avec la nature. Tout d'abord, sa position à la confluence de la Volga et l'Oka a prédéterminé sa viabilité économique et en même temps a posé le problème de la complexité des conditions naturelles, l'hydrographie et la topographie notamment. En dépit de la réalisation de travaux d'aménagements pendant le XXe siècle, les sols urbains restent difficilement praticables et vulnérables aux processus naturels. Dans la recherche, les espaces ouverts et végétalisés, considérés jusqu'à maintenant non constructibles, sont revisités comme appartenant à l'infrastructure paysagère. Des principes nouveaux d'aménagement sont recherchés pour réorganiser les processus naturels afin d'améliorer la qualité des sols urbains ; le travail du paysagiste s'accorde avec celui de l'ingénieur. Ensuite, la planification stratégique des années 1930 a prédéfini la structure éparpillée de Nijni Novgorod, pensée pour les industries. L'incohérence urbaine résulte des contradictions apparues entre la conception de la ville socialiste unie et la décentralisation uniforme des industries. Les espaces verts conservent l'empreinte des changements sociaux brutaux, de l'inaction politique et des pratiques d'aménagement urbain par les propres moyens des habitants. Le déclin de l'URSS a entraîné l'abandon des grands parcs publics, dont les qualités se rapprochent de celles des terrains réservés pour les espaces verts qui ne furent jamais aménagés. Cependant, la pauvreté des parcs urbains est compensée par la richesse des formes d'agriculture urbaine et périurbaine. Le tissu bâti est composé d'une morphologie dite intermédiaire, incluant des parcelles pour des activités agricoles. Enfin, les processus actuels sont considérés à travers des pratiques d'aménagement qui accompagnent la régénération postindustrielle et l'installation des nouvelles activités. À Nijni Novgorod, la transition postsoviétique accorde de nouvelles données pour le projet urbain, or ce passage se complique par l'ancrage des dogmes soviétiques dans la pensée actuelle. La recherche est réalisée à la rencontre des regards : architectural, territorial et paysager, par le croisement de méthodes différentes : l'histoire, la cartographie, le travail d'enquête sur le terrain.