Thèse soutenue

L'aide sociale par le chèque : genèse et mise en oeuvre des politiques sociales et culturelles "ciblées" des collectivités territoriales

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Auteur / Autrice : Arnaud Lacheret
Direction : Guy Saez
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 15/01/2014
Etablissement(s) : Grenoble
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Pacte, laboratoire de sciences sociales (Grenoble, Isère, France)
Laboratoire : Politiques publiques, ACtion politique, TErritoires
Jury : Président / Présidente : Michel Lussault
Examinateurs / Examinatrices : Vincent Spenlehauer, Fabrice Roth
Rapporteurs / Rapporteuses : Didier Chabanet, Frédéric Colin

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Si la raison d'être des aides sociales, les conditions de leur versement, l'étude des bénéficiaires sont des préoccupations anciennes et constantes de la sociologie politique de l'aide sociale, la question des modalités techniques de versement de ces aides a peu été travaillée. Parmi ces diverses modalités, des outils tels que les chèques sont restés dans l'ombre. Partant de la notion de « voucher » développée aux Etats-Unis dans les années 60 par Milton Friedman et tout particulièrement du « school voucher » ou « chèque éducation », certaines collectivités françaises ont introduit au début des années 1990 ce concept sous la forme de chèques cultures destinés au jeune public en se revendiquant d'idées libérales. Dans les années qui suivirent, on a observé un essaimage important des chèques dans les collectivités françaises sans pour autant que la filiation libérale et anglo-Saxonne ne soit revendiquée. Parallèlement, le chèque en France est arrivé sous une forme encadrée par la loi et principalement destiné au versement d'aides sociales : le Chèque Emploi Service Universel, le Chèque d'Accompagnement Personnalisé, sont désormais bien implantés dans le paysage des interventions sociales françaises. La possibilité ouverte par le législateur de payer certaines aides sociales obligatoire a permis à ces chèques d'entrer en nombre au sein des Conseils Généraux. Après avoir démontré que les chèques sociaux et culturels sont, malgré leurs modalités d'apparition différente, les descendants des « vouchers » friedmaniens, l'enquête de terrain, portant sur 6 dispositifs présents dans 3 collectivités françaises (Conseil Régional Rhône-Alpes, Conseils Généraux de la Drôme et de la Saône et Loire, a principalement consisté en la comparaison entre le discours des acteurs et les arguments traditionnellement employés dans la littérature anglo-Saxonne. Le résultat de l'enquête qualitative menée en utilisant une méthode proche de l'approche phénoménologique et priorisant donc la représentation de l'objet par l'acteur montre en effet que les 6 attributs les plus fréquemment cités dans la littérature reviennent régulièrement dans les propos des acteurs même si ces derniers ne revendiquent qu'à la marge le caractère libéral du chèque. L'enquête a pu démontrer que c'est l'action décisive de médiateurs et la promotion d'un argument absent des analyses anglo-Saxonnes qui a favorisé cette diffusion. Les acteurs citent en effet, dans les avantages du chèque, la notion de visibilité de l'aide et d'outil de communication. Il s'agit en effet de l'argument le plus répandu parmi les entreprises commercialisant ces dispositifs. Nous avons donc étudié à la fois la formation de réseaux formels et informels entre collectivités et l'apport, selon nous décisif, des entreprises ayant pu réorienter leurs « business model » afin de rendre cet outil plus attractif pour des collectivités qui auraient eu plus de difficultés à l'accepter si elles en avaient connu la vraie nature.