La politique monétaire et la stabilité financière
Auteur / Autrice : | Mehdi Aboulfadl |
Direction : | Rédouane Taouil |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance le 05/12/2014 |
Etablissement(s) : | Grenoble |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences économiques (Grenoble ; 1999-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche en économie de Grenoble - Centre de recherche en économie de Grenoble / CREG |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Pierre Allegret |
Examinateurs / Examinatrices : Fathallah Oualalou, Mohammed Soual, Pierre Berthaud | |
Rapporteur / Rapporteuse : Jean-Pierre Allegret, Nicolas Moumni |
Mots clés
Résumé
Les pratiques des banques centrales se sont graduellement ajustées, depuis les années 90, aux principes fondamentaux de la Nouvelle synthèse, et ont convergé vers une normalisation qui a fait ses preuves. D'une part, cette normalisation se fonde sur la doctrine de stabilité des prix, déployée sous la forme du système de ciblage d'inflation. D'autre part, elle s'accompagne de pratiques afin de renforcer la crédibilité et la transparence. De plus, la représentation DSGE de l'économie adoptée par la Nouvelle synthèse, et du fait de sa cohérence théorique, s'est aussi imposée comme un cadre analytique central de politique monétaire, particulièrement adapté pour des analyses de scenarii et pour générer des prévisions de variables d'intérêt. En parallèle, les banques centrales ont tenté de favoriser un environnement financier stable, à travers leur rôle de prêteur en dernier ressort. Et grâce au principe d'efficience des marchés, l'utilisation de la politique monétaire face aux bulles spéculatives a été déconseillée. Cependant, la dimension de stabilité financière a souffert d'une absence de définition consensuelle, conduisant à une multiplication des méthodologies pour la quantification des risques, la prévention des crises et l'évaluation du système financier. La crise de 2007 a remis en cause ce consensus naissant. Tout d'abord, l'apparition de perturbations financières dans un environnement de stabilité des prix a semblé invalider les principes théoriques de la politique monétaire. Ensuite, l'adoption d'une série de mesures dites non conventionnelles, suite à l'atteinte du taux plancher zéro, a montré l'insuffisance des instruments usuels de politique monétaire pour contrer la crise et favoriser une reprise durable. Enfin, le traitement résiduel réservé à la sphère financière, dans le modèle canonique NK n'a pas permis d'appréhender les régularités du cycle d'affaires, les vulnérabilités financières, le manque de liquidité ou la procyclicité des systèmes financiers. Les critiques adressées à la Nouvelle synthèse ont principalement porté sur des hypothèses spécifiques, et non pas sur le cadre lui-même. Par conséquent, la pertinence du cadre NK semble toujours de mise, du fait de son caractère unique d'absorption de théories au départ fort variées. Ainsi, l'introduction de la possibilité de défaut et de la monnaie a permis la modélisation d'un secteur bancaire actif, afin de comprendre les altérations du mécanisme de transmission des chocs et de considérer l'existence de taux d'intérêts multiples. De même, le rôle du marché interbancaire a été abordé pour étudier le manque de confiance, l'assèchement des liquidités et l'impact du marché sur le financement de l'économie. Enfin, les multiples dimensions des politiques monétaires non conventionnelles ont été intégrées, en vue d'examiner leur efficacité et d'identifier les mécanismes de transmission. Toutefois, il n'existe pas de représentation microéconomiquement fondée, suffisamment générale pour capter, de manière logique et parcimonieuse, la majorité des spécificités associées à la sphère financière. La crise a également permis de dégager des enseignements concernant le secteur financier, en ce qui concerne son rôle en termes d'accentuation des non-linéarités de la dynamique économique, sur les répercussions négatives du taux plancher zéro et, enfin, sur la remise en cause de l'hypothèse de Schwartz. En mettant en évidence les liens entre la politique monétaire et la politiques macroprudentielle, la crise a donc invalidé le principe de dichotomie adopté jusque-là. Ces nouvelles orientations ne sont cependant pas totalement claires. En effet, la gestion de la sortie de la crise économique, et l'impact des plans d'austérité, laissent apparaitre de nouveaux défis : un risque de stagnation similaire à celui qui a touché le Japon ; le retour aux pratiques de transformation des échéances à fort effet de levier; et le flou entourant les stratégies de sortie des banques centrales.