Thèse soutenue

Les affixes/créments dans le lexique de l'arabe : exploration du niveau submorphémique de l'arabe

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Auteur / Autrice : Salem Khchoum
Direction : Georges Bohas
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du Langage - Linguistique
Date : Soutenance le 04/12/2014
Etablissement(s) : Lyon, École normale supérieure
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon ; 2007-....)
Jury : Président / Présidente : Jean-Patrick Guillaume
Examinateurs / Examinatrices : Georges Bohas, Jean-Patrick Guillaume, Giuliano Lancioni, Danielle Leeman, Bruno Paoli
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Patrick Guillaume, Jean-Pierre Angoujard

Résumé

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Cette thèse s’inscrit dans le cadre des travaux de révision de la structure de la racine sémitique en général, et arabe en particulier. Dans l’introduction, nous avons entamé une relecture critique des efforts des grammairiens arabes en quête du seuil minimal du sens, et qui ont abouti à poser la racine trilitère comme étant ce seuil ultime et inanalysable. Ce choix a été fait malgré tous les signes d’instabilité que comporte ce concept - tels que son incapacité à expliquer la réversibilité de l’ordre des consonnes et leur variation phonétique indépendamment du sens. C’est un choix synchronique anhistorique qui exclut la notion de temps, et émane d’une conception révélationniste (tawqîf) du langage. Au XIXe siècle, l'évolutionnisme darwiniste, étendu à la philologie, met à mal cette conception figée de la racine. En intégrant la notion de temps, nombre d’Orientalistes, suivis par quelques philologues arabes de l’époque, ont montré à travers une approche comparative que la racine trilitère est une forme évoluée d’une base primitive bilitère (ou monosyllabique). Depuis, plusieurs explications ont été proposées pour la formation de la racine trilitère à partir d’une base bilitère (croisement, incrémentation, affixation). Certains linguistes comme Hurwitz ont essayé d’identifier et de systématiser par déduction les éléments ternaires et leurs valeurs sémantiques. Dans notre travail, qui s'inscrit dans le cadre de la théorie des matrices et des étymons, nous démontrons à travers l’analyse synchronique de près de 1000 items que la racine trilitère est analysable en termes d’étymons bilitères et de créments, ou affixes. Les éléments affixables ou incrémentables à la base sont phonétiquement les mêmes (gutturales, sonantes, labiales, nasales) et corrélés souvent aux mêmes valeurs grammaticales (factitif, statif, moyen) ou sémantiques (l’intensif). La troisième position de la racine est la position privilégiée dans ce processus d’affixation/incrémentation. La racine trilitère n’est donc pas le seuil minimal du sens, et s’avère réductible à une base biconsonantique rendue trilitère grâce à un segment crément ou affixe. Ceci peut avoir un effet sur notre conception du lexique arabe, désormais réorganisable autour des bases bilitères soit abstraites (les traits phonétiques), soit concrètes (les étymons primitifs), qui sont à leur tour transformables en radicaux trilitères grâce à une liste préalable de créments et affixes spécifiant la signification primordiale véhiculée par la base bilitère.