Thèse soutenue

Mémoire et surmodernité. Lire Pierre Bergounioux et Peter Kurzeck

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Auteur / Autrice : Lea Marie Kaiser
Direction : Éric Dayre
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature Générale et Comparée
Date : Soutenance le 07/11/2014
Etablissement(s) : Lyon, École normale supérieure
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon)
Jury : Président / Présidente : Karen Haddad-Wotling
Examinateurs / Examinatrices : Éric Dayre, Karen Haddad-Wotling, Laurence Dahan-Gaida, Isabelle Poulin, Laurent Demanze, Anne Lagny
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurence Dahan-Gaida, Isabelle Poulin

Résumé

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Cette thèse propose une étude comparative des œuvres de Pierre Bergounioux et de Peter Kurzeck. Il s’agit d’interroger la relation entre les réalités socioculturelles, géographiques et historiques des régions d’enfance des auteurs et le contexte de l’extrême contemporain, qui tend à l’uniformisation du monde. Le microcosme du lieu d’origine, ancré dans un terroir qui engendre des traits culturels et langagiers locaux, se lit comme un lieu universel. Ce dernier, bien que localisé géographiquement et précisément nommé, devient l’endroit réel et figuré d’un état désormais révolu de l’humanité qui s’oppose à un autre lieu universel : le non-lieu standardisé. Il s’agira de confronter les vertus élémentaires de la mémoire longue aux traits caractéristiques de l’époque surmoderne, c’est-à-dire l’homogénéisation de l’espace, l’accélération du temps et l’individualisme croissant. La réalité surmoderne semble se trouver au-dessus des facultés cognitives de l’homme, qui peine à ordonner les données instables de celle-ci. La construction du sujet autobiographique doit donc faire face aux derniers archaïsmes, ainsi qu’à la « liberté périlleuse » (U. Beck) d’une existence détachée de l’origine. L’écriture mémorielle assure tour à tour la continuité du sujet, œuvre en faveur de la communauté perdue et tente de livrer, à travers un passé revisité, une analyse lucide du monde contemporain qui s’adresse à un lecteur perdu. En reproduisant le flottement de la mémoire entre souvenir et oubli, l’écrit littéraire se pense comme une contre-proposition face à la « mondialisation de la mémoire » (H. Rousso) qui engendre un rapport similaire au passé, celui, paradoxal, d’un oubli accéléré et d’une nostalgie excessive.