Le 11-septembre européen : la sensibilité morale des Européens à l’épreuve des attentats du 11 septembre 2001, du 11 mars 2004 et du 7 juillet 2005
Auteur / Autrice : | Gérôme Truc |
Direction : | Daniel Cefaï, Louis Quéré |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 2014 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'étude des mouvements sociaux (1970-....Paris) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Yves Déloye, Jean-Louis Fabiani, Marie-Claire Lavabre, Étienne Tassin |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Repartant des thèses de Simmel, Durkheim et Elias, ce travail rend compte de la sensibilité morale des Européens au début du XXIe siècle, saisie au travers de leurs réactions aux attentats du 11 septembre 2001, du 11 mars 2004 et du 7 juillet 2005. Nourri par une enquête de plusieurs années en France, aux États-Unis, à Madrid et à Londres, et par l’exploitation d’une grande diversité de matériaux empiriques dont, en particulier, un corpus inédit de plusieurs dizaines de milliers de messages de condoléances et de solidarité, il établit en quoi des individus ordinaires se sont sentis concernés par ces événements et ont compati au sort de leurs victimes. La première partie examine les opérations de cadrage médiatique et institutionnel dont ces attentats firent l’objet. Elle restitue de quelle manière « les Européens » ont pu former un sujet collectif en ayant eu une expérience spécifique sans qu’un sentiment de commune appartenance à l’Europe ne s’affermisse dans un deuil partagé. La seconde partie montre que la communauté de sentiments apparue en réaction aux attentats islamistes ne se laisse pas simplement rabattre sur un sentiment de communauté univoque. Elle met en évidence la formation de différents publics d’individus s’étant sentis concernés aussi bien par l’entremise d’un « nous », dont la nature et l’échelle varient, que sur un mode plus personnel, où prime le sens du « je ». La troisième partie, enfin, explore le contraste entre la mémoire américaine du 11-Septembre et le quasi-oubli en Europe des attentats de Madrid et Londres, les principaux vecteurs dont procédèrent les publics du 11-Septembre européen n’ayant pas constitué les cadres d’une mémoire européenne.