Thèse soutenue

Les relations entre les Conseils Régionaux du Culte Musulman et les Collectivités territoriales : analyse de l’organisation locale du culte musulman et de son rapport au politique
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Auteur / Autrice : Samir Allel
Direction : Jean-Louis Fabiani
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 2014
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Catherine Wihtol de Wenden, Emmanuel Ethis, Yannick Blanc

Résumé

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« L'islam a sa place à la table de la République». Cette expression reprise par Jean Pierre Chevènement ministre de l'Intérieur du gouvernement Jospin s'inscrit dans un débat général sur la place de l'islam et plus particulièrement de l'islam local dans la société française. La question de la place de l'islam en France et de ses manifestations au niveau local au quotidien est devenue récurrent ces dernières années et certains événements tels que « l'affaire Merah » ont fait réapparaître le spectre de « l'islamisme politique ». Nous voudrions dépasser la passion afin de comprendre l'islam local en France à travers les CRCM (en toutes lettres) qui sont censés être les interlocuteurs des pouvoirs publics. L'objectif est de comprendre la complexité de l'islam en France. C'est la raison pour laquelle nous avons estimé intéressant d'y consacra- notre étude avec le regard d'un citoyen qui vit l'islam de France. Le sujet de l'islam en France était trop vaste pour être traité. Nous n'avons pas eu cette prétention. Nous nous sommes intéressés à un sujet qui prend ses racines dans l'islam, à son aspect temporel et institutionnel. La polémique que la représentation de l'islam a suscitée, noms a poussés à en savoir plus et plus particulièrement à Avignon. Nous voulons comprendre la portée et la dimension de la création d'une institution représentative du culte musulman en France. Nous avons pris la mesure de la valeur symbolique d'une telle institutionnalisation de l'islam. Une rencontre historique qui semble se jouer sous nos yeux, celle de l'islam et de la République. Il est important de noter que la plupart des travaux n'ont toutefois fait qu'effleurer le volet local de l'organisation du culte musulman en France. Notre objectif principal vise à mesurer quantitativement et qualitativement l’action concrète du CFCM (en toutes lettres) au regard de ses missions premières liées à la représentation et lit défense du culte musulman. Notre recherche se fixe aussi pour objectif de mieux appréhender la réalité des rapports pouvant exister entre les CRCM et les élus locaux. Il est particulièrement intéressant de relever que depuis une dizaine d'années, l'islam en tant que fait social s'est invité dans l'agenda municipal de nombreuses communes sous la forme de dossiers de mosquées en attente de règlement ou de carrés musulmans dans les cimetières, sans oublier les questions de foulards dans les écoles publiques ou la question plus récente de demandes de repas halal dans la restauration scolaire. Autant de dossiers auxquels les élus sont directement confrontés et pas toujours préparés ni armés juridiquement pour y apporter des réponses efficaces. Les interlocuteurs musulmans élus par leurs pairs jouissent ils auprès des élus des différentes collectivités territoriales (maires, présidents de conseils généraux, présidents de conseils régionaux) d'une réelle représentativité ou ne sont-ils qu'un interlocuteur de plus qui accentue l'hétérogénéité du paysage islamique local. L'absence de clergé et la diversité des écoles de pensée font que l'islam a du mal à se structurer et à être reconnu. La nature de la communauté musulmane, divisée et éclatée, est un obstacle à l'organisation et à la reconnaissance de l'islam par les institutions. À l'heure où plusieurs voix réclament un réaménagement de la loi du 9 décembre 1905 portant séparation des cultes et de l'Etat, cette étude vise à éclairer d'un regard neuf l’interaction entre les collectivités religieuses et les collectivités locales dans le contexte d'un Etat laïque et dans une société largement sécularisée. Celle thèse est une contribution à mieux cerner la réalité des rapports entre l'islam tel qu'il est vécu en France dans un pays non musulman et la laïcité telle qu'elle est perçue et pratiquée par les élus locaux. Elle permet enfin d'aborder la citoyenneté et « la non reconnaissance de ces enfants » par la République qui tarde à les considérer comme des citoyens à part entière.