La cité des pères : paternité, mémoire, société dans les villes méridionales de l’Empire du milieu du XIVe siècle au milieu du XVIe siècle (Nuremberg, Augsbourg, Francfort-sur-le-Main)

• Auteur / Autrice : Aude-Marie Certin
• Direction : Pierre Monnet, Jean-Claude Schmitt
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Histoire et civilisations
• Date : Soutenance en 2014
• Etablissement(s) : Paris, EHESS
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Anna Bellavitis, Christophe Duhamelle, Didier Lett, Simon Teuscher

Mots clés

Mots clés contrôlés

Famille

Filiation patrilinéaire

Renaissance

Moyen âge

Allemagne

Pères

Mots clés libres

Paternité

Famille

Parenté

Autobiographie

Livre de famille

Allemagne

Moyen Âge

Époque moderne

Résumé

Cette étude porte sur les livres de famille et les textes « autobiographiques » écrits à Nuremberg, à Augsbourg et à Francfort-sur-le-Main entre le milieu du XIVe siècle et le milieu du XVIe siècle. Elle envisage la question rarement relevée de la paternité dans ces écrits où les pères sont tout à la fois porteurs et objets de la mémoire. Ces livres sont en effet conçus par des pères de famille qui se transmettent de génération en génération les tâches de l'écriture et du souvenir. Dans ces textes, la paternité constitue en outre un motif central de la mémoire. Les chroniqueurs évoquent les pères fondateurs de leur famille, la chaîne des pères et des fils de leur lignage, quand d'autres font le portrait de leur père ou évoquent leur propre existence en s'adressant à leur fils. Tout en envisageant les différentes orientations de la mémoire, cette étude montre l'affirmation, dès la fin du Moyen Âge, des pères « charnels » dans la famille et la cité. En resituant cette évolution par rapport aux représentations médiévales de la parenté et de la paternité, en particulier la « hiérarchie des pères », on a cherché à souligner les enjeux et les conséquences de la « réformation culturelle » de la paternité dans les villes méridionales de l'Empire à l'aube de l'époque moderne. Des pères de la mémoire à la mémoire des pères, cette réflexion dépasse finalement l'histoire de la famille et de la parenté pour ouvrir sur celle de ces sociétés urbaines, dont elle révèle les dynamiques et les lignes de tension sociales, politiques et religieuses à la fin du Moyen Âge et au début de l'époque moderne.

This paper deals with family books and ''autobiographical'' texts written in Nurnberg, Augsburg and Frankfurt am Main between the middle of the 14th and the middle of the 16th Century. It contemplates the rarely raised question of the link between fatherhood and memory. In these writings, fathers are indeed carriers as well as objects of remembrance. In many cases, these books were written by fathers who passed on the duties of bookkeeping and remembrance from generation to generation. The fatherhood itself also constitutes a central element of these recollections. Some chroniclers reminisce about the founding fathers of their family, the chain of fathers and sons in their lineage, while others draw up portraits of their own father or recount their own existence for their sons' benefit. While dealing with the various aspects of memory, this paper shows the growing role of ''flesh'' fathers in the City and within their family by the end of the Middle Ages. By putting this evolution in the perspective of medieval representations of parenthood and fatherhood, particularly regarding the ''hierarchy of fathers'', we set up to emphasize the stakes and consequences of the ''cultural reformation'' of fatherhood in the southern cities of the Empire in the dawn of the modem period. From the fathers of memory to the memory of fathers, this paper ends up going beyond the history of family and parenthood, to include the history of these urban societies, revealing their dynamics and their social, political and religious tensions from the late Middle Ages to the early modern period.