Genèse d'« une idée avantageuse d'Haïti » : socio-histoire de l'engagement des intellectuels haïtiens, 1801-1860
Auteur / Autrice : | Délide Joseph |
Direction : | Myriam Cottias |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire et civilisations |
Date : | Soutenance en 2014 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Résumé
Un « intellectuel haïtien » est une personne qui, par toutes sortes de pratiques, produit des idées qui tendent à définir, questionner la société haïtienne. L'étude prend comme point de départ, la Constitution de 1801, pour s'achever avec le rétablissement du régime républicain en 1859. Les intellectuels haïtiens se définissent comme les défenseurs d'Haïti mais se présentent aussi comme l'incarnation de la capacité du pays à accéder à la Civilisation. Cet objectif donne naissance à une double stratégie de positionnement. Il s'agit, d'abord, de s'adresser aux interlocuteurs de l'extérieur, car il faut répondre aux écrits diffamatoires des anciens colons et des opposants au projet d'un nouvel État né de la lutte contre l'esclavage. Ll fallait, ensuite, exprimer une volonté manifeste de distanciation par rapport aux autres groupes sociaux du pays qui ne partagent ou ne maîtrisent pas les codes sociaux reconnus et dominants à l'époque. La thèse étudie donc les modalités de cette reconnaissance cherchée à l'extérieur. La quête de reconnaissance des intellectuels s'exprime à travers une revendication de la capacité d'accès d'Haïti à la civilisation et au progrès, mais aussi par la mise en valeur d'un savoir qui légitimerait leur pouvoir politique. Un effet concret de leur demande de reconnaissance passe par la réhabilitation de la « race noire ». Cette thèse montre la manière dont les intellectuels haïtiens parviennent à penser les rapports entre l'universalisme issu de leur formation occidentalisée et la particularité des cultures autres existants dans la société haïtienne.