Analyse sociologique des changements induits par le processus de privatisation dans les entreprises agro-industrielles au Gabon
Auteur / Autrice : | Nina Jennipher Mamfoumbi |
Direction : | Rémy Bazenguissa |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 2014 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Résumé
Au lendemain des indépendances africaines, les nouveaux Etats se trouvèrent face à un fort consensus fait autour de l’entreprise publique comme l’instrument de régulation économique et sociale. C’est ainsi que s’est construit au Gabon comme dans le reste des pays d’Afrique subsaharienne un bon nombre d’entreprises publiques et parapubliques contrôlées par l’Etat qui intervient directement dans la gestion de celles-ci pour garantir aux citoyens l’accès à l’emploi et aux services divers. La mise en place des entreprises publiques particulièrement agro-industrielles dans l’ensemble des provinces du Gabon s’est faite dans le but de promouvoir le développement et l’industrialisation du pays, lutter contre l’exode rural, le chômage, améliorer le bien-être des populations des régions où elles sont implantées, réduire les disparités régionales, etc. Quelques années plus tard, on assiste à un changement de décor, la situation des entreprises créées pour servir de fer de lance au développement national n’est guerre luisante. La plupart d’entre elles souffrent de plusieurs maux : effectifs pléthorique dû au recrutement non justifiés par les besoins des entreprises, trésorerie insuffisante, placement à la tête des entreprises des hommes proches du pouvoir plutôt que des gestionnaires compétents, emplois fictifs, fausse factures, poursuite des objectifs divers qui pèsent lourdement sur la gestion des entreprises, et c’est ainsi que la plupart d’entre elles ont été pillées. Afin de les remettre sur les rails de la production, le FMI et la Banque mondiale ordonne à l’Etat gabonais d’appliquer le programme de privatisation perçue comme la seule option possible pour redresser lesdites entreprises. Engagé dans les années 1980, les politiques de privatisation dépassent le cadre économique et induit des changements qui ont des conséquences sociales importantes sur l’entreprise, les catégories socioprofessionnelles, sur l’emploi, le travail, etc. Ces aspects sociaux négligés au début du processus de privatisation ne sont pas encore suffisamment pris en compte et reconnu, alors que ces changements accroissent les inégalités, la précarité et plonge un grand nombre de travailleurs particulièrement les ouvriers dans la vulnérabilité.