Thèse soutenue

Les promesses de la Bretagne : Mordrel, Delaporte, Lainé, Fouéré : génération de l'apocalypse et mystique nationale (1901-1948)

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Auteur / Autrice : Sébastien Carney
Direction : Yvon TranvouezDaniel Le Couédic
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 24/11/2014
Etablissement(s) : Brest
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales (Rennes)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche bretonne et celtique (Brest, Finistère)
Jury : Président / Présidente : Christophe Prochasson
Examinateurs / Examinatrices : Yvon Tranvouez, Daniel Le Couédic, Christophe Prochasson, Olivier Dard, Peter Schöttler, Martin Conway
Rapporteurs / Rapporteuses : Olivier Dard, Peter Schöttler

Résumé

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Au sortir de la Grande Guerre, de jeunes hommes d’une génération promise au combat mais privée de la mission eschatologique qui lui était dévolue, donnent un sens à leur vie en s’investissant dans la lutte pour la Bretagne. Hantés par l’expérience perdue de la guerre, ils conçoivent l’idée que la Bretagne elle-même a perdu la guerre. A leurs yeux, cette défaite justifie leur combat : le nationalisme breton de l’entre-deux-guerres est une guerre continuée, que les biographies croisées de quatre de ces jeunes hommes permettent de suivre, pas à pas.Dans leur lutte, Mordrel, Delaporte, Lainé et Fouéré cherchent des alliés, choisis en fonction d’une parenté de sort supposée. Ce sont d’abord les Irlandais, les Gallois, les Écossais. Mais l’interceltisme est un échec et les nationalistes bretons se tournent vers la Flandre, la Corse et l’Alsace, ainsi que vers l’Allemagne, pays vaincu qui anime clandestinement la contestation des nationalités européennes afin de remettre en cause les traités de 1919.Par ces échanges, les jeunes Bretons inscrivent leur action dans les divers courants de réflexion qui traversent l’Europe de la fin des années 1920 et du début des années 1930. Ainsi, l’expérience de la création d’une littérature bretonnante que l’on espère novatrice est une déclinaison locale de la Révolution conservatrice pensée en Allemagne ; le Parti Autonomiste Breton est fédéraliste et européiste, à l’instar des groupes « réalistes » qui s’expriment à Paris ; les cadres du Parti National Breton font l’expérience du « spiritualisme » et du « personnalisme » que théorisent les « relèves »parisiennes et européennes, certains adhèrent également au nordisme que leur inspirent des intellectuels proches de la SS.Dans cette optique, il apparaît clairement que le combat breton tel qu’il fut mené dans l’entre-deux-guerres n’a rien de spécifiquement breton : il est l’expression locale de mouvements de pensée européens, autant que la projection d’angoisses et de préoccupations personnelles de quelques meneurs plus ou moins charismatiques. Il en résulte une multiplication des revues ou actions aussi complémentaires que concurrentes, ainsi qu’une grande variation de la qualité des relations interpersonnelles, notamment au sujet de questions aussi cruciales en Bretagne que la religion.En 1939, les connivences avec les milieux de la Révolution Conservatrice allemande, les diverses expérimentations idéologiques, les choix personnels et diverses opportunités conduisent les meneurs nationalistes bretons à entretenir une alliance avec l’occupant dont ils obtiennent bien moins que ce qu’ils espèrent, sans toutefois que cela ne remette en cause les gages que nombre de militants bretons ne cessent d’offrir aux Allemands, à divers degrés. Mais si de l’histoire du mouvement breton, on ne retient volontiers que quelques épisodes spectaculaires et dramatiques de la Seconde Guerre mondiale, force est de constater que cette dernière ne fut pour lui qu’une mise en application d’idées énoncées bien avant partout en Europe, et adaptées à la Bretagne par quelques personnalités hors norme.