Thèse soutenue

Du silence organisationnel au développement du débat structuré sur le travail : les effets sur la sécurité et sur l'organisation
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Auteur / Autrice : Raoni Rocha
Direction : François DaniellouVanina Mollo
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences Cognitives et Ergonomie. option : Ergonomie
Date : Soutenance le 21/11/2014
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Bordeaux)
Partenaire(s) de recherche : Etablissement d'accueil : Université Bordeaux-II (1971-2013)
Laboratoire : Laboratoire de l'intégration du matériau au système (Talence, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Francisco Duarte
Examinateurs / Examinatrices : Francisco Duarte, Pierre Falzon, Benoît Journé
Rapporteurs / Rapporteuses : Pierre Falzon, Benoît Journé

Résumé

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Cette thèse s’inscrit dans le champ de la sécurité des organisations. Son objet concerne le développement d’une culture de sécurité, avec comme postulat le fait que la sécurité se fait avec la participation des travailleurs de tous niveaux hiérarchiques de l’organisation. Une recherche fondée sur ce principe a été conduite au sein de deux entreprises de distribution d’énergie en France. Comme beaucoup d’autres, ces entreprises sont axées sur une culture managériale de la sécurité où la sur-procéduralisation, le contrôle des « mauvais comportements » et les sanctions prennent le pas sur le travail réel. Comme conséquence, on constate le développement du « silence organisationnel », les travailleurs étant conduits à ne plus remonter les difficultés ou contradictions vécues sur le terrain, ou à remonter des situations à faible impact. Le retour d’expérience se trouve donc affaibli, voire inefficace. Pour gérer le silence organisationnel et ses conséquences, cette recherche a expérimenté des espaces de débat sur le travail réel entre salariés relevant de différents échelons de l’entreprise. Dès que certaines conditions sont respectées, ces espaces peuvent apporter de nombreuses contributions pour les personnes concernées et pour l’organisation locale. Pour qu’ils soient durables, il faut que ses membres disposent d’un certain pouvoir d’agir pour régler certaines des situations débattues localement, et qu’ils puissent communiquer avec d’autres espaces lorsque les ressources locales s’avèrent insuffisantes. Ainsi, les espaces de débat ne doivent pas être isolés au sein des échelons hiérarchiques, mais doivent être interconnectés en vue de définir le pouvoir d’agir et l’autonomie de chacun d’entre eux. Cette réflexion met en lumière le principe de subsidiarité, qui nous enseigne que chaque situation doit être traitée au niveau pertinent le plus bas de l’organisation. Cette thèse défend donc l’idée que pour traiter le silence organisationnel et développer une culture de sécurité, il est nécessaire de développer le « débat structuré sur le travail » – ou des espaces de débat organisés par le principe de subsidiarité – dans différents échelons de l’entreprise. Quelles sont les contributions réelles du débat structuré sur le travail ? Et ses conditions de mise en place ? Autant de questions auxquelles cette thèse tente de répondre par la construction de dispositifs de débat au sein de l’organisation et par une analyse fine du contenu des ces débats. Les résultats remettent en cause la vision classique de la sécurité basée sur des analyses centrées uniquement sur les situations conflictuelles passées, pour mettre en lumière l’articulation entre l’expérience passée, le débat actuel et les situations futures probables. L’approche mise en oeuvre au cours de ces 3 années a permis de développer une organisation plus résiliente, c’est-à-dire une organisation capable de maintenir un état stable en dépit des perturbations inhérentes à tout système de travail. Cette recherche nous invite à repenser la manière de manager les organisations actuelles. Même si le point de départ de la recherche concernait des questions de sécurité, le développement du débat structuré sur le travail a permis dans le même temps de traiter des questions de santé des travailleurs, de qualité du travail et de performance du système.