Le moi et le monde : quête identitaire et esthétique du monde moderne dans l'oeuvre poétique de Guillaume Apollinaire, Blaise Cendrars et Vladimir Maïakovski
Auteur / Autrice : | Fabienne Liger Marié |
Direction : | Gérard Peylet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littératures française, francophones et comparée |
Date : | Soutenance le 12/12/2014 |
Etablissement(s) : | Bordeaux 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Cultures, Littératures, Arts, Représentations, Esthétiques (Pessac, Gironde) |
Jury : | Président / Présidente : Odile Gannier |
Examinateurs / Examinatrices : Gérard Peylet, Claude Filteau, Anthony Soron, Florence Corrado-Kazanski, Michel Prat | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Claude Filteau, Anthony Soron |
Résumé
Apollinaire, Cendrars et Maïakovski vivent une époque de changements qui modifient l’ordre des choses, offrant une mutation dont le progrès technique est l’illustration la plus évidente pour ces poètes qui glorifient les nouveaux moyens de communication comme le train dont le mouvement ininterrompu sert de fil conducteur à tout le poème de Cendrars la Prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France ou comme l’aviation chantée par Apollinaire dans « Zone » et mise en scène par Maïakovski dans Le prolétaire volant. Le voyage devient un thème privilégié de cette poésie résolument tournée vers le mouvement. Entrevoyant une transformation irréversible, ils se trouvent aussi confrontés à un monde nouveau, qu’ils appréhendent dans sa misère, sa violence et son caractère brut. La ville moderne en est l’un des motifs les plus emblématiques. Elle apparaît comme un décor théâtralisé et digne de devenir objet d’une poésie qui se veut novatrice. Chantres de cette modernité naissante, ils se font les témoins voire les porte-parole de l’humanité misérable qui hante ce décor. Apollinaire et Cendrars évoquent souvent les émigrants, populations déracinées, sans patrie, en quête d’un illusoire Eldorado, tandis Maïakovski fait défiler toute une série d’infirmes dans sa tragédie Vladimir Maïakovski tragédie. Si le monde moderne devient objet d’observation, il est aussi cadre de l’errance poétique. A la soif de voyage de Cendrars correspond une problématique interrogation existentielle, alors qu’Apollinaire, entre tradition et modernité, confronte le mal être du mal aimé au monde qui l’entoure. Maïakovski, lui, cherche désespérément, à travers un lyrisme exacerbé, à lutter contre un esprit bourgeois et ignorant de la misère et des transformations du monde et à convaincre de la nécessité d’instaurer la révolution de façon complète. Marqués par la conscience aiguë de la nouveauté, ils se trouvent cependant pris entre un monde ancien, rejeté mais toujours présent, et un avenir incertain et inquiétant. C’est dans ce contexte que se met en place la problématique quête du moi. Le poète se heurte à un monde autre, indifférent qui ne le comprend pas, qu’il cherche à apprivoiser et à façonner tout en construisant une identité bien fragile. De l’observation du monde moderne arpenté par le poète naît une esthétique de la trivialité poétisée dans l’évocation d’une réalité crue, nue sans détour ni euphémisme. Le beau y côtoie le laid, à la suite de Baudelaire qui introduisit le monde moderne dans la poésie. Ainsi l’actualité vécue de façon aiguë fait –elle l’objet de l’attention du poète et devient poésie. Rendre le réel dans son immédiateté induit un lyrisme intense et douloureux où la quête prend la forme d’une plainte, d’une supplique et d’une révolte en même temps qu’elle pose un questionnement sur la poésie, ses formes nouvelles et son rôle dans ce monde moderne.