La professionnalisation de la formation initiale des instituteurs au Sénégal à la charnière des 20e et 21e siècles : cas de l'EFI (école de formation des instituteurs)
Auteur / Autrice : | Mouhamadou Lamine Ba |
Direction : | Philippe Monchaux, Brigitte Frelat-Kahn |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'éducation |
Date : | Soutenance en 2014 |
Etablissement(s) : | Amiens |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale en Sciences humaines et sociales (Amiens) |
Jury : | Président / Présidente : Frédéric Charles |
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Monchaux, Brigitte Frelat-Kahn, Françoise Cros, Line Numa-Bocage, Frédéric Charles | |
Rapporteur / Rapporteuse : Françoise Cros, Line Numa-Bocage |
Mots clés
Résumé
Le système de formation des instituteurs au Sénégal s'inscrit-il sur la voie de la professionnalisation ? Où se situe-t-il par rapport aux critères scientifiques de la professionnalisation ? Les dispositifs et les modalités de formation contribuent-ils à former des enseignants professionnels ? Les discours et pratiques des différents acteurs concourent-ils à l'atteinte de l'objectif de professionnalisation retenu dans le référentiel de compétences des EFI de 1999 ? Cette injonction de professionnalisation de la formation des instituteurs répond-t-elle aux enjeux d'efficacité et d'efficience du système éducatif ou constitue-t-elle un « effet de mode » soumis à l'usure du temps ? Telles sont les questions auxquelles nous avons tenté de répondre dans notre présente recherche portant sur « La professionnalisation de la formation initiale des instituteurs au Sénégal à la charnière des 20è et 21è siècles : Le cas de l'EFI (Ecole de formation des instituteurs) de Thiès ». Pour ce faire, partant d'un état des lieux, nous avons analysé le processus d'évolution du système de recrutement et de formation des instituteurs au Sénégal depuis la création des CFP (Centres de formation pédagogique) en 1960 jusqu'à l'installation des EFI en 1993 remplacés en 2011 par les CRFPE (Centres régionaux de formation des personnels de l'éducation). Nous nous sommes plus focalisé sur la fourchette temporelle (1995 - 2011) du fait des multiples transformations et mutations structurelles et conjoncturelles intervenues durant ces dernières décennies dans le système de formation et de recrutement des instituteurs au Sénégal. Notre étude est structurée au double plan : formel par l'exploitation des documents et textes réglementaires organisant la formation ; et opérationnel en interrogeant les discours et pratiques des différents acteurs. Elle s'appuie sur une approche mixte alliant le quantitatif et le qualitatif par l'utilisation de questionnaires et de guides d'entretien pour tester nos hypothèses de recherche. L'analyse de nos résultats de terrain révèle que la visée professionnalisante reste plus prescriptive - apparition dans les textes et dans le référentiel de compétences des EFI de 1999 - qu'opérationnelle et plus précisément dans les pratiques de formation. Et ce, l'absence d'une alternance intégrative (pas d'articulation entre les enseignements théoriques et la formation pratique), la non tenue d'ateliers d'analyse de pratiques, la non institutionnalisation de stages de responsabilité entière et d'écriture professionnelle sont, entre autres, des facteurs pouvant inhiber une formation réflexive. Qui plus est, l'organisation centralisée et normée du système de formation, ôtant toute autonomie et responsabilité aux acteurs, tend plus vers la « prolétarisation » (Perrenoud, 1996) que vers la « professionnalisation » de la formation initiale des instituteurs du Sénégal. In fine, notre thèse se veut une contribution scientifique et pragmatique aux débats sur l'apport de la professionnalisation dans la formation initiale des enseignants en invitant les autorités et acteurs du système éducatif sénégalais à mettre davantage l'accent sur la « réflexivité » dans les pratiques de formation, et ce, par l'effectivité d'une alternance intégrative. La professionnalisation de la formation initiale ne saurait tenir toutes ses promesses que, dans une certaine mesure, en installant chez les élèves-maîtres des compétences professionnelles pour répondre aux enjeux de l'école sénégalaise - scolarisation universelle, rationalisation des ressources humaines, matérielles et financières, prise en compte des différentes demandes éducatives de la population sénégalaise, faire face aux réformes et innovations pédagogiques introduites à l'école. Puissent les CRFPE (Centres régionaux de formation des personnels de l'éducation) officiellement mis en place en 2011/2012 succédant aux EFI, intégrer dans leur plan de formation les questions de l'heure de l'école sénégalaise pour un système de formation performant. Comme processus, la professionnalisation, amorcée dès la formation initiale, se poursuivra tout au long de la formation continue voire celle de toute la vie. C'est dans cette perspective que s'orientent nos prochains travaux de recherche.