Thèse soutenue

La satire poétique de Thermidor à l’Empire : crépuscule d’un genre au couchant des Lumières

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Auteur / Autrice : Pierre Blanchard
Direction : Jean-Noël Pascal
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres modernes
Date : Soutenance le 26/09/2013
Etablissement(s) : Toulouse 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts, Lettres, Langues, Philosophie, Communication (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Patrimoine, littérature, histoire (Toulouse)
Laboratoire : Patrimoine, Littérature, Histoire
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Pascal Debailly, Patrick Marot
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne Chamayou, Olivier Ferret

Résumé

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À la charnière des XVIIIe et XIXe siècles, une ample production satirique témoigne d’un mouvement de défiance à l’endroit de la philosophie des Lumières, accusée d’être responsable des exactions commises durant l’épisode révolutionnaire. Il s’agit alors de procéder à la liquidation de l’héritage des Lumières : en une période caractérisée par son instabilité politique, la satire lucilienne en vers, genre alors finissant, bénéficie d’un effet de mode qui la rend à nouveau légitime. Les désordres sociaux et moraux justifient le recours au genre polémique par excellence. La satire devient un observatoire privilégié pour saisir toutes les tensions qui parcourent le pays, aux niveaux politique, religieux et philosophique. Le satirique est cependant un poète à la marge ; la prétendue performativité de sa parole poétique et le danger qu’elle représente pour les victimes de sa dénonciation font du poète satirique un individu suspect qui, perpétuellement, doit chercher à autoriser sa parole polémique. L’analyse de la constitution éthique du satirique permet d’apercevoir le jeu de filiation entre les auteurs de notre corpus et les grands auteurs qui ont valu au genre son honorabilité littéraire, ceux-ci revendiquant perpétuellement l’héritage de ceux-là. Le satirique, en se créant une persona éthique stable, rend légitime sa dénonciation et justifie le recours à l’invective au nom d’un idéal supérieur : le maintien de l’État, la restauration de la morale et des valeurs, la régénérescence de l’Art. Tous les domaines sont concernés. Car dans la production satirique de la période entre Thermidor et l’Empire, c’est véritablement à un procès du siècle que procèdent les satiriques, s’inscrivant pour cela dans la tradition ronsardienne et albinéenne de la satire politique. Politique, philosophie et religion sont autant d’objets de questionnements, de débats et de polémiques au sein de la production satirique de cette période. La redéfinition du statut de l’Église en France durant la Révolution, les tentatives infructueuses de création d’un culte concurrent du catholicisme et de plus larges antagonismes entre des visions du monde inconciliables créent des réseaux d’oppositions qui structurent les troubles de l’époque : l’athéisme contre la religion, la république contre la monarchie, la raison contre la foi.