Thèse soutenue

Les Ultras : Sociologie de l'affrontement sportif et urbain

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Auteur / Autrice : Bérangère Ginhoux
Direction : Michel RautenbergThomas Bujon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie et anthropologie politique
Date : Soutenance le 31/10/2013
Etablissement(s) : Saint-Etienne
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre Max Weber (Lyon ; Saint-Étienne ; 2011-....)
Jury : Président / Présidente : Christophe Jaccoud
Examinateurs / Examinatrices : Michel Rautenberg, Thomas Bujon, Catherine Louveau, Patrick Mignon
Rapporteurs / Rapporteuses : Christophe Jaccoud, Catherine Louveau

Résumé

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Ce travail de recherche porte sur l’engagement des supporters de football ultras. La plupart des recherches sur les supporters de football dégagent deux modèles de supportérisme« extrême » par rapport au supportérisme traditionnel : le modèle anglais (hooligans) et le modèle italien avec les groupes de supporters ultras. Ces derniers sont constitués en association de loi 1901 dont les membres les plus actifs sont très majoritairement des jeunes hommes de 15 à 30 ans. Leur manière de supporter repose sur une culture partisane et des activités propres (réalisation d’animations sur l’ensemble de la tribune, recours à des chants et des gestuelles spécifiques, utilisation d’engins pyrotechniques, organisation de déplacements,etc.). Cette recherche propose une étude détaillée du processus de constitution du collectif qu’est le groupe ultra et de son fonctionnement, à travers l’angle de la sociologie de la déviance et des notions de « sous-culture » (codes, règles, langage) ou celle de « carrière »(structure hiérarchisée, différents statuts, réputation). Mais l’objectif de ce travail est de dépasser une lecture monographique qui s’en tiendrait à la seule étude du fonctionnement interne du groupe ultra. Cette recherche s’inscrit ainsi dans une conception interactionniste de la déviance qui nécessite d’analyser l’action des déviants – celle des ultras - mais aussi celledes personnes qui réagissent à cette déviance, en l’occurrence celles des agents des services répressifs ou chargés de la sécurité des stades. Ce travail se propose de décrire et d’analyser les interactions entre les ultras, les groupes de supporters « adverses » et les acteurs de la sécurité (policiers, stadiers, directeurs de sécurité des stades) en privilégiant une ethnographie des situations et une description détaillée des pratiques sociales des ultras. En développant« une perspective en terme de monde social » (Strauss) nous nous efforçons d’appréhender le spectacle des ultras comme une production collective, sans cesse négociée et ré-ajustée par rapport à celle des autres acteurs et institutions publiques. Cette perspective permet également de travailler la façon dont les pratiques sociales et « culturelles » des ultras sont affectées notamment par le processus de criminalisation des supporters de football : les supporters ultras sont, en effet, devenus des « délinquants de stades » et la police s’est spécialisée dans la lutte contre ce phénomène sportif et urbain. Les supporters sont désormais surveillés,identifiés, fichés, parfois « interdits de stade » ou incarcérés. Dans le cadre de cette recherche,nous avons suivi l’évolution de ce monde contraint de s’ajuster et de s’adapter à ces différentes évolutions. L’objet de cette recherche est de décrire les processus sociaux qui traversent au quotidien le monde des ultras et qui provoquent sa segmentation et fragmentation en plusieurs « sous-mondes » (celui des interdits de stades, des supporters« indépendants » etc.). En mobilisant les outils descriptifs et analytiques de la sociologie interactionniste qualitative, ce travail entend prolonger la discussion avec les Culturals Studies, dont les travaux ont historiquement alimenté la majorité des travaux sur le supportérisme.Cette recherche repose sur un travail de terrain ethnographique mené par observation participante, principalement parmi les supporters ultras stéphanois – les Green Angels et les Magic fans-, et par entretiens semi-directifs auprès d’ultras et d’acteurs de la sécurité(policiers, stadiers, etc.) en France et à l’étranger. Elle s’appuie aussi sur l’analyse de nombreux documents indigènes, d’articles de presse et mobilise la photo-ethnographie.