Etude de la distribution et du rôle du système pléitrophinergique dans le développement post-natal du cortes cérébelleux chez la souris
| Auteur / Autrice : | Magda Hamza |
| Direction : | Delphine Burel, David Vaudry |
| Type : | Thèse de doctorat |
| Discipline(s) : | Biologie - Neurosciences |
| Date : | Soutenance en 2013 |
| Etablissement(s) : | Rouen |
| Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Normande de biologie intégrative, santé, environnement (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime) |
| Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Neuroendocrine EndOcrine and GeRminal DIfferentiation and Communication (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime ; 2022-....) |
Mots clés
Résumé
Le développement du système nerveux central requiert un microenvironnement approprié défini par une combinaison de facteurs solubles dans le milieu extra-cellulaire mais également par des éléments de la matrice extra-cellulaire (MEC). Parmi ces derniers, la pléitrophine (PTN) a été mise en évidence en tant que facteur mitogène et neurotrophique. Sécrétée par les cellules gliales et les neurones, cette cytokine de 18 kDa est capable de lier le récepteur transmembranaire de type héparane sulfate syndecan-3 (SDC-3), la protéine tyrosine phosphatase zêta (PTP-zêta) et l'anaplasic lymphoma kinase (ALK). Chez le rat, il a été démontré que la PTN est fortement exprimée dans le cervelet au cours des deux premières semaines post-natales, et qu'elle contrôle la morphogenèse des cellules de Purkinje ex vivo. Ces données suggèrent donc que cette cytokine pourrait jouer un rôle fondamental au cours de l'ontogenèse du cervelet. Afin de tester cette hypothèse, nous avons tout d'abord réalisé la cartographie spatiotemporelle du système pléitrophinergique dans le cervelet de la souris. Nos résultats révèlent que la PTN et les deux récepteurs PTP-zêta et SDC-3 sont présents dans le cortex cérébelleux dès la naissance (P0) avec un pic d'expression au cours de la première semaine post-natale. Entre P0 et le 12ème jour post-natal (P12), la PTN est localisée dans la MEC de la couche moléculaire et de la couche granulaire interne. Au cours de cette même période, SDC-3 est exprimé par les cellules de Purkinje, les cellules de Golgi et les précurseurs des cellules en grain, alors que PTP-zêta est situé sur les cellules de Purkinje et les cellules gliales de Bergmann. A partir de P21 et jusqu'à l'âge adulte, l'expression du système pléiotrophinergique diminue significativement. Ainsi, l'immuno-marquage de la PTN et de SDC-3 se limite aux somas des cellules de Purkinje et des cellules de Golgi tandis que la localisation de PTP-zêta se restreint autour des cellules de Purkinje et des interneurones de la couche moléculaire. Enfin, le récepteur ALK n'a pas été détecté dans le cortex cérébelleux quel que soit le stade étudié. Nous avons, par la suite, tenté de déterminer le rôle de la PTN in vivo au cours de l'ontogenèse du cervelet, en réalisant deux injections de cette cytokine à une concentration de 10 puissance -8 M à la surface du cortex cérébelleux. L'analyse de la vélocité des précurseurs des cellules en grain dans la couche moléculaire révèle que l'administration de PTN exogène à P4 et P6 réduit significativement la vitesse de migration radiaire des neurones à P10. De plus, les cellules en grain différenciées subissent une phase d'apoptose accrue conduisant à une diminution significative de l'épaisseur de la couche granulaire interne. Le fait que les précurseurs et les cellules en grain différenciées n'expriment aucun récepteur à la PTN au cours du développement suggère que ces effets anti-migratoire et pro-apoptotique s'exerceraient indirectement par l'intermédiaire des cellules de Purkinje et/ou des cellules de Bergmann. A l'appui de cette hypothèse, nos résultats révèlent que l'administration de PTN exogène provoque une atrophie de l'arborisation dendritique des cellules de Purkinje associée à une diminution significative du courant capacitif de cette cimposante cellulaire, tandis que la morphologie des cellules de Bergmann ne semble pas affectée. La cellule de Purkinje représentant le centre intégrateur de toutes les afférences cérébelleuses ainsi que la seule efférence du cortex cérébelleux, les conséquences intégratives et fonctionnelles de l'atrophie induite par la PTN ont été explorées à l'aide de tests comportementaux et de mesures électrophysiologiques. Nos données indiquent que les souriceaux traités à la PTN possèdent un bon réflexe de retournement mais ont un temps de maintien plus élevé au test d'agrippement au cours du développement, suggérant qu'ils présentent un retard de maturation du circuit permettant le réflexe de flexion/extension. Par ailleurs, ces déficits locomoteurs sont corrélés à une augmentation significative de la fréquence des courants post-synaptiques excitateurs reçus par les cellules de Purkinje alors que, de manière intéressante, la fréquence des courants synaptiques inhibiteurs n'est pas affectée. De plus, l'analyse immuno-histochimique des contacts synaptiques entre les fibres parallèles et les cellules de Purkinje révèle une augmentation des connexions somatiques chez les souris traitées à la PTN, alors que le nombre de synapses dendritiques diminue. A l'âge adulte, ces souris obtiennent des scores significativement diminués sur le Rotarod et le mât surélevé, associés à une altération de la composante cyclique de la démarche spontanée, indiquant que l'atrophie de l'arborisation dendritique des cellules de Purkinje induite par la PTN pourrait provoquer un défaut dans l'exécution de mouvements volontaires complexes. L'ensemble de nos résultats histologiques, électrophysiologiques et comportementaux révèle l'implication du système pléiotrophinergique au cours de l'ontogénèse post-natale du cervelet chez la souris. De plus, nos données démontrent que la PTN contrôle la morphogenèse des cellules de Purkinje et, par voie de conséquence, l'exécution de mouvements volontaires à court terme chez le jeune mais également chez l'adulte.