Validation du concept du mimétisme moléculaire entre les protéines d'E. Coli K12 et l'α-MSH
Auteur / Autrice : | Naouel Tennoune |
Direction : | Sergueï Fetissov |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie |
Date : | Soutenance en 2013 |
Etablissement(s) : | Rouen |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Normande de biologie intégrative, santé, environnement (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime) |
Mots clés
Résumé
La régulation de la prise alimentaire et le maintien de l’homéostasie énergétique mettent en jeu des interactions entre les organes périphériques et le système nerveux central. Des autoanticorps (autoAc) dirigés contre les peptides régulateurs de l’appétit, dont le neuropeptide anorexigène l’α-MSH, ont été identifiés chez des patients souffrant de troubles du comportement alimentaire (TCA). Cependant, l’origine de ces autoAc reste inconnue. Une étude in silico a montré la présence des séquences similaires entre l’α-MSH et les protéines du microbiote intestinal, ce qui suggère que le microbiote intestinal pourrait être à l’origine des autoAc dirigés contre l’α-MSH selon le concept du mimétisme moléculaire. Le but de ce projet était de valider le concept de mimétisme moléculaire entre les protéines bactériennes et l’α-MSH. Dans une première partie, nous avons identifié par étude protéomique, à partir d’extraits protéiques de la bactérie E. Coli K12, la protéine bactérienne ClpB. Nous avons montré que la ClpB possède une homologie conformationnelle avec l’α-MSH. Après l’immunisation de souris avec la protéine ClpB, un effet sur le poids, la prise alimentaire ainsi que l’anxiété ont été observés. Nous avons démontré que la protéine ClpB stimulait la sécrétion d’autoAc anti α-MSH de classe G. De plus, l’affinité des IgG anti α-MSH était également modulée par la protéine ClpB. Ces résultats valident le concept du mimétisme moléculaire entre la protéine bactérienne ClpB et l’α-MSH. Dans une seconde partie, nous avons approfondi l’étude du concept du mimétisme moléculaire en tenant compte des différences liées au sexe chez le Rat. En effet, les TCA touchent plus, les femmes que les hommes. Après gavage des rats mâles et femelles avec la bactérie E. Coli K12 durant 21 jours, nous avons montré que la bactérie E. Coli K12 est commensale chez les rats femelles alors qu’elle ne l’est pas chez les mâles. De plus, nous avons obtenu une augmentation du taux d’IgG anti α-MSH chez les rats femelles, alors que nous avons noté une augmentation d’IgM anti α-MSH chez les mâles. Cependant, l’affinité des IgG anti α-MSH a augmenté chez les femelles, tandis qu’elle est resté inchangée chez les mâles. Le taux des IgG anti ACTH a été également mesuré. En effet, les IgG anti ACTH étaient plus élevés chez les femelles que chez les mâles avant le gavage, par contre l’affinité des IgG anti ACTH après le gavage était augmentée pour les deux groupes. Nos résultats montrent que les bactéries commensales chez les femelles, et non pas chez les mâles peuvent constituer un risque microbien dans le développement des TCA. Dans une troisième partie nous avons étudié l’hypothèse que les protéines du microbiote intestinal puissent avoir un effet direct sur le comportement alimentaire et ce en fonction de la phase de croissance des bactéries au cours de nutrition régulière. Un modèle de culture d’E. Coli K12 sur 60 heures a été développé par administration de nutriments toutes les 12 heures afin de mimer les nutriments apportés par l’alimentation pendant les repas. Les protéines extraites à partir de la phase de croissance (repas) et de la phase stationnaire (satiété). Par étude protéomique, nous avons identifié des protéines surexprimées dans la phase exponentielle et stationnaire de la croissance bactérienne. L’administration des protéines de chaque phase chez le Rat à jeûn, a induit une augmentation de la prise alimentaire chez les rats recevant les protéines cytoplasmiques exponentielles. Cependant, l’injection de protéines membranaires en phase stationnaire diminuait la prise alimentaire. Une activation neuronale par le marquage de c-fos dans l’hypothalamus des rats a également été observée après l’administration des protéines bactériennes.