Le peuple dans la philosophie de Jeremy Bentham
Auteur / Autrice : | Armand Guillot |
Direction : | Jean-Pierre Cléro |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 2013 |
Etablissement(s) : | Rouen |
Mots clés
Résumé
Le principe d'utilité permet-il de fonder la démocratie ? Pour répondre à cette question, il faut déterminer s'il permet de définir et de constituer un peuple. Aux yeux de Bentham, un peuple est d'abord une « multitude indéfinie d'individus non identifiables ». Le principe d'utilité ne peut être appliqué à une telle multitude. La première tâche de la philosophie politique est donc de réduire cette indétermination initiale : le peuple doit devenir une somme d'individus distincts et identifiables. Toutefois, le peuple n'est pas seulement l'objet du calcul d'utilité, il est également le sujet qui calcule. En d'autres termes, il est à la fois soumis au gouvernement et souverain. Or, en tant que souverain, il demeure indéfini. En effet, le peuple exerce sa souveraineté au travers de l'opinion publique, et le sujet de l'opinion publique est essentiellement « non identifiable ». Il n'est donc pas susceptible d'être intégralement soumis et contrôlé par un gouvernement. Ainsi, Bentham développe une conception originale de la démocratie, fondée sur le principe d'utilité et la théorie des fictions, qui révèle la diversité des modalités d'exercice de la souveraineté populaire et demeure pertinente pour les démocraties contemporaines.