Thèse soutenue

Modernité et colonisation : les nouvelles sur l’empire de Rudyard Kipling et de Somerset Maugham

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Auteur / Autrice : Jaine Chemmachery
Direction : Emilienne L. Baneth-NouailhetasClaire Joubert
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études anglophones
Date : Soutenance le 28/06/2013
Etablissement(s) : Rennes 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts, Lettres, Langues (Bretagne)
Partenaire(s) de recherche : PRES : Université européenne de Bretagne (2007-2016)
Laboratoire : Anglophonie : Communautés, Ecritures
Jury : Président / Présidente : Vanessa Guignery
Examinateurs / Examinatrices : Thierry Goater
Rapporteur / Rapporteuse : Catherine Delmas, Nathalie Martinière

Résumé

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Les nouvelles coloniales de Kipling et de Maugham mettent en scène, respectivement, la société anglo-indienne à l’époque du Raj et la vie dans les colonies anglaise et hollandaise des îles d’Asie du sud-est durant l’entredeux-guerres. Malgré ces spécificités contextuelles et l’écart temporel entre les époques auxquelles les deux auteurs écrivent leurs nouvelles, ces dernières sont invariablement traversées par le motif d’une colonisation pensée comme crise. Or le genre de la nouvelle porte formellement l’idée de crise. En utilisant le rapprochement opéré par les études postcoloniales entre modernité et colonisation comme paradigme de lecture, cette thèse montre comment la nouvelle peut opérer une prise spécifique sur ce rapport et se révéler lieu de trouble. Dans le cadre de cette réflexion sur la propension de ce genre à déstabiliser la modernité politico-philosophique et les idéologies qu’elle charrie – la promotion de la raison, du savoir, du progrès – il apparaît que les nouvelles de Kipling et de Maugham opèrent selon des modalités différentes. Celles de Kipling interrogent poétiquement le politique et la modernité tels qu’ils apparaissent dans leur spécificité coloniale par le biais d’une écriture qui opère depuis les marges, ce par un double décalage par rapport au roman domestique. Le fait même de prendre pour objet la société coloniale, elle-même située sur les marges de la société métropolitaine anglaise, s’inscrit en effet dans une écriture du décentrement. Les nouvelles de Maugham s’énoncent elles aussi depuis certainesmarges mais s’inscrivent davantage dans un constat général du déclin de la civilisation européenne durant l’entre-deux-guerres et dans une réflexion sur la situation de l’écrivain face à divers centres, sources d’autorité et de savoir. Le trouble que produit la nouvelle est donc certes lié au statut de « voix solitaire » de cette dernière mais surtout à sa position de marginalité