Mobilité temporaire de temps libre : évènement exceptionnel ou routine ?
Auteur / Autrice : | Claudine Celhaiguibel |
Direction : | Jean-Pierre Orfeuil |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Aménagement de l'espace, Urbanisme |
Date : | Soutenance le 06/12/2013 |
Etablissement(s) : | Paris Est |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Ville, Transports et Territoires (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne ; 2010-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Lab'Urba (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne) - LAB'URBA / LAB'URBA |
Jury : | Président / Présidente : Guillaume Faburel |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Pierre Orfeuil, Mathis Stock, Laurent Davezies | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Mathis Stock, Laurent Davezies |
Mots clés
Résumé
Notre recherche s'empare d'une pratique répandue en matière de voyage, mais mal connue dans le monde académique : la revisite. Des exemples immédiats sont ceux de week-ends à la campagne et des séjours dans un appartement situé au bord de la mer ou dans une station de montagne. D'autres comportements récurrents peuvent être évoqués : les visites régulières ou occasionnelles chez un parent, un ami ou dans tout autre lieu que l'on a déjà découvert (en passant, à l'occasion de vacances, parce que l'on y a vécu durant plusieurs années) et que l'on désire revisiter. On peut certes s'y fixer en acquérant une résidence secondaire mais aussi en choisissant un mode d'hébergement temporaire tel que le camping ou l'hôtel que l'on prend plaisir à réinvestir régulièrement. Ces pratiques relèvent de logiques de multi-ancrage (ou multi-résidentialité).Nous supposons que le phénomène de revisite contribue de façon non négligeable à l'intensité avec laquelle les individus quittent temporairement leur domicile principal durant leur temps libre.Ce projet se décline selon trois objectifs. Il s'agit, premièrement, de s'interroger sur la pratique du voyage dans la société contemporaine. La revisite amène à se questionner : elle rompt avec l'image d'un voyage qui serait synonyme de découverte, de changement (or, il s'agit-là d'une image traditionnellement accolée au voyage) ; elle se produit dans un contexte sociétal où l'offre touristique n'a jamais été aussi abondante et diversifiée et l'exotisme, aussi accessible. Pour guider notre analyse, nous avons défini trois « préalables » : le premier a été d'inscrire notre étude dans le courant émergent de l'après-tourisme (ce courant reconnaît l'hybridation des pratiques touristiques dont la revisite est une expression) ; le deuxième, à lier l'hybridation des pratiques touristiques au contexte d'une société dispersée (elle se traduit par l'extension des horizons spatiaux et la possibilité pour les individus de réaliser indifféremment leurs activités dans le proche, le lointain voire le très loin) ; et le troisième, à envisager le voyage non plus comme une seule recherche d'exotisme mais comme une forme de mobilité (s'agissant ici de mobilité temporaire de temps libre).Le deuxième objectif est d'utiliser les enseignements produits à l'échelle individuelle pour préciser la nature des flux que s'échangent les territoires. Se soulève la question de l'attractivité des territoires. L'approche traditionnelle consiste à comptabiliser le nombre de voyages ou de nuitées réceptionnés par un territoire donné. La revisite permet de qualifier ces flux. Il ne s'agit plus seulement de savoir si un territoire réceptionne une certaine volumétrie de flux mais s'ils sont le fait de mêmes personnes ou de personnes distinctes. Ce glissement amène à questionner la capacité des territoires à faire revenir des visiteurs (fidélisation). Quant au troisième objectif, il consiste à proposer une méthode quantitative pour évaluer la revisite. A notre connaissance, il n'y a pas à ce jour d'étude mesurant l'importance de la revisite parmi l'ensemble des voyages entrepris tant au niveau individuel qu'au niveau territorial. Nous nous sommes tournés vers des données de panel. Notre analyse empirique a été réalisée à partir des données issues du panel du Suivi de la demande touristique (SDT ; Direction du tourisme / TNS Sofres). Notre échantillon, représentatif de la population des 15 ans et plus résidant en France métropolitaine, se compose de 5.300 personnes qui ont renseigné mois après mois, pendant quatre ans, plus de 70.000 séjours (déplacements incluant au moins une nuit hors domicile). Les données constituent ainsi un matériau à partir duquel nous avons pu construire notre démarche empirique