Thèse soutenue

Poétique de l’intime dans l’œuvre de Proust, Woolf et Pessoa

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Auteur / Autrice : Sandra Cheilan
Direction : Karen Haddad-Wotling
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature comparée
Date : Soutenance en 2013
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, spectacles (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....)
Jury : Président / Présidente : Vincent Ferré
Examinateurs / Examinatrices : Catherine Lanone
Rapporteur / Rapporteuse : Pascal Dethurens, Franc Schuerewegen

Résumé

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C’est au cœur d’une crise de la représentation et de la transparence intérieures, initiées par les découvertes scientifiques sur le psychisme, que Proust, Woolf et Pessoa fabriquent une poétique de l’intime. Nées dans des zones géographiques complémentaires, dont Paris constitue le centre d’influence, les œuvres de ces trois auteurs constituent les jalons d’un parcours littéraire qui va de l’invention proustienne du roman intime en France à l’exploration des limites de l’intime-fiction chez Pessoa, en passant par les pratiques woolfiennes de réécritures de la Recherche. Invention, appropriation, dépassement, tels sont les moments de la micro-histoire de ce que nous pourrions appeler une tendance du roman dans les premières décennies du XXe siècle à construire un espace à soi, un espace fictionnel de représentation de l’intime. S’opposant à la tradition autoréférentielle des genres dits autobiographiques, nos auteurs refaçonnent la représentation de l’intime dans le roman et inventent une poétique fictionnelle, qui se sert de la fiction comme le déclencheur et le révélateur paradoxal de l’intime. Nous nous attacherons donc à cerner une poétique, au sens étymologique de fabrique, et au sens esthétique de dispositifs, mis en place pour représenter la diversité de la vie intime dans le roman. Défini dans son triple sens psychique, relationnel et spatial, l’intime devient un nouveau champ d’expérimentation romanesque et d’invention poétique. D’une complexité psychique et physique à un territoire qui donne forme à l’intériorité des personnages, du personnel au domestique, nos romans parcourent les possibilités de la représentation de la vie intime. Conçu en scènes du quotidien qui mettent enjeu la dialectique du corps et de la pensée, de soi et de l’autre, du dedans et du dehors, le roman revalorisé alors l’infra-ordinaire, ce qui se joue en-deçà du romanesque et du notable, jusqu’aux limites de la représentation et du dicible.