Thèse soutenue

De la mesure du corps à la politique des corps : une histoire des sciences du travail (1880-1920)

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Auteur / Autrice : Marco Saraceno
Direction : François VatinClaudio Pogliano
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 21/06/2013
Etablissement(s) : Paris 10 en cotutelle avec Università degli studi (Pise, Italie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Économie, organisations, société (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....)
Jury : Président / Présidente : Renato Giuseppe Mazzolini
Examinateurs / Examinatrices : François Vatin, Renato Giuseppe Mazzolini, Thierry Pillon, Yves Schwartz, Francesco Cassata, Donatella Lippi
Rapporteurs / Rapporteuses : Thierry Pillon, Yves Schwartz

Résumé

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A la fin du XIXe siècle, dans le contexte de la mise en place de la société salariale en Europe, émerge un projet positiviste d’étude du travail humain que l’on n’a pas hésité à appeler « ergologie ». Ce projet, qui traversera différentes sciences humaines, cherchait à définir et à encadrer normativement le travail humain en partant de l’étude des potentialités et des limites psycho-physiologiques de l’activité corporelle (fatigue, aptitudes psychomotrices, monotonie, attention..). En ce sens, l’étude psycho-physiologique s’inscrivait dans un projet plus large d’« optimisation » de l’activité humaine (hygiénisme, paix sociale, eugénisme...), en ce sens la connaissance du corps au travail apparaissait comme une partie de la rationalisation de son « usage ». C’est dans cette perspective que certains historiens ont interprété le programme ergologique comme une tentative de « chosification » du corps dont le but serait de le transformer en instrument au service du profit capitaliste et/ou en support du contrôle disciplinaire de l’Etat (Rabinbach, 1992). Or, en observant le développement épistémologique et politique de ce projet « ergologique », on peut s’apercevoir que les tentatives de mesurer et de gérer le corps entendu comme instrument de la production montrent en continuation la nécessité de prendre en compte le choix volontaire par laquelle l’homme définit le but pour de son activité corporelle. En effet, si le travail humain ne peut être défini que comme une activité instrumentale pour atteindre un but « voulu », l’homme serait donc celui qui fait usage de son propre corps pour réaliser un « projet ». Ainsi, mesurer et gouverner les hommes par le travail du corps, tel que cherche à le faire « l’ergologie », n’équivaut pas simplement à réduire celui-ci à un objet malléable, mais également à penser l’activité corporelle instrumentale comme le moment où l’homme définit les objectif de son action en fonctions des différentes contraintes qui déterminent son action vitale.