John Stuart Mill et William Stanley Jevons sur la question des femmes : d’une continuité supposée à l’éclairage d’une rupture
Auteur / Autrice : | Virginie Gouverneur |
Direction : | Nathalie Sigot |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance en 2013 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis ; 2000-....) |
Mots clés
Résumé
John Stuart Mill et William Stanley Jevons sont des représentants clés du passage vers le marginalisme en économie. Dans le même temps, ils se réclament tous deux de l’utilitarisme, doctrine philosophique reconnue pour ses liens avec le féminisme. Leurs revendications en ce qui concerne les femmes sont pourtant tout à fait divergentes : si Mill prône des réformes égalitaires et s’oppose aux Factory Acts limitant le travail des femmes, Jevons adhère à l’ensemble des lois restrictives adoptées au XIXe siècle et prône en outre la prohibition du travail des mères de jeunes enfants dans les usines. Cet apparent paradoxe est résolu lorsqu’on considère l’opposition de Mill et Jevons comme l’emblème d’une rupture plus générale entre utilitaristes classiques et premiers marginalistes sur la question des femmes. Mill se situe, au sujet des femmes, dans la lignée des premiers : comme eux, il considère que les intérêts des femmes doivent compter autant que ceux des hommes et en tire un certain nombre de conséquences. Il prolonge en particulier les avancées de Jeremy Bentham, père de l’utilitarisme classique, vers une considération plus grande des intérêts des femmes par les économistes. Jevons, lui, apparaît comme représentatif de ces auteurs du dernier tiers du XIXe siècle qui certes soulèvent la question des femmes mais dont la position semble marquer un recul par rapport à celles de leurs prédécesseurs. Ainsi en est-il de plusieurs économistes marginalistes, tels que Marshall, qui désignent le foyer comme le lieu idéal d’expression des femmes où elles accomplissent leur fonction première, la reproduction. L’analyse de l’opposition de Mill et Jevons offre alors des éléments de réponse à la question suivante : comment se fait-il que les premiers marginalistes, après les avancées de l’utilitarisme classique vers une meilleure prise en compte, en économie, des femmes et des problèmes les affectant, aient renvoyé ces dernière dans ce qu’ils considèrent comme leur véritable place, le foyer ?