L'élaboration du mythe du soi dans l'œuvre de Samuel Beckett
Auteur / Autrice : | Solveig Hudhomme |
Direction : | Bruno Clément |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française |
Date : | Soutenance en 2013 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Mots clés
Résumé
Notre thèse porte sur la façon dont l’œuvre construit son propre mythe, mythe d’un espace, d’une intériorité permanente par-delà les frontières textuelles. Cette intériorité, nous l’envisageons comme lieu du « soi », lieu affranchi du biographique, du « moi », mais peuplé d’invariants. Notre étude commence par un questionnement autour de la notion de « mythe » : il s’agit d’analyser le principe de reconnaissance instauré au fil des textes, reconnaissance d’un lieu, d’une trame, d’un personnage. Dans l’ordre du récit, la contingence laisse place à la nécessité. L’œuvre procède ainsi de l’idée d’une entité unique, d’une scène intérieure s’offrant au regard. C’est pourquoi nous nous concentrons dans un deuxième temps sur un invariant essentiel, l’œil, globe qui initie le lecteur à un espace dont les contours se font de plus en plus géométriques et épurés. Le « soi » est dès lors représenté comme une intériorité vide qu’il s’agit d’explorer, d’expérimenter jusqu’aux limites du scénique et du narratif. Le texte beckettien interroge les conditions de la création : voir, représenter, raconter, verbes qui ont pour trait commun d’accepter la tournure réflexive. Cette « parole réfléchie » est au cœur de la dernière étape de notre étude : à quelle scène linguistique la figuration du « soi » donne-t-elle lieu ? Nous nous proposons d’envisager le pronom « soi » comme le pivot d’une fable au sein de laquelle les mots eux-mêmes prennent une dimension mythologique.