Hending og Kenning : les théories linguistiques dans l'Islande médiévale (XII-XIVe siècle) : lecture du codex Wormianus
Auteur / Autrice : | Cyril de Pins |
Direction : | Irène Rosier-Catach |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Linguistique théorique, descriptive et automatique |
Date : | Soutenance en 2013 |
Etablissement(s) : | Paris 7 |
Résumé
Cette thèse examine les traités contenus dans le Codex Wormianus (vers 1350), la plus importante collection de textes linguistiques en norrois, afin d'étudier les théories linguistiques entre le Xlle et le XIVe siècle, en Islande. Le manuscrit contient l'Edda de Snorri Sturluson (déb. Xllle), un traité poétique en quatre parties traitant de mythologie, de métrique et de la kenning. Quatre traités grammaticaux (Xlle-XIVe) traitent d'écriture, de poésie et de figures. Nous montrons que le norrois devint pour lui-même objet d'analyse à partir de deux questions, celle de l'enseignement et de la conservation de l'art poétique scaldique d'une part, et celle de l'écriture d'autre part. Ces deux questions furent introduites dans l'île après la christianisation, avec l'arrivée de la technique manuscrite et des textes latins. L'altérité du latin offrit l'occasion au norrois de réfléchir sur lui-même, avec originalité d'abord, dans le Premier Traité Grammatical et l'Edda. Mais la confrontation avec le latin fit tomber le norrois sous l'influence du latin et de ses concepts : les derniers textes de la période, le Troisième Traité Grammatical en partie, et surtout le Quatrième Traité Grammatical se donnent à lire comme des traductions-adaptations de Donat, Priscien, Evrard de Béthune et Alexandre de Villedieu, et de leurs gloses. La poésie cessa d'être le point de départ de l'analyse, les scaldes les autorités linguistiques, au profit du clerc latinisant. Ces théories apparaissent comme une tentative de conserver vivants les sons et la tradition poétique du norrois, avant une soumission savante au latin, et demeurent notre seul témoin de la phonétique et de la poétique norroises.