Mohammed Iqbal : une pédagogie de l'individuation
Auteur / Autrice : | Abdennour Bidar |
Direction : | Étienne Tassin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences juridiques et politiques spécialité philosophie politique |
Date : | Soutenance en 2013 |
Etablissement(s) : | Paris 7 |
Résumé
Pour quelles raisons s'intéresser aujourd'hui à la pensée philosophique de Mohammed Iqbal (1873-1938) ? Dans quel débat contemporain peut-elle manifester une actualité et une fécondité particulières ? Iqbal peut être considéré comme un philosophe de l'individu ou philosophie de l’ego - son commentateur classique Iqbal Singh parle d'une «philosophy of Egohood», une « philosophie de l’égoïté » (The Ardent Pilgrim An introduction to the Life & work of Mohammed Iqbal, Delhi, Oxford University Press, 1997, 1ère édition, London, 1951? page 62) - et sa philosophie comme une réflexion critique sur la conception du processus l’individuation par l'Occident moderne depuis les Lumières. Mais pour comprendre l’enjeu d'une telle entreprise, sans doute faut-il commencer par préciser l'idée même d'un processus d'individuation : l’homme serait cet être qui a à se construire comme individu sujet > c'est-à-dire comme individu pleinement conscient de lui-même et cloué de la plus grande autonomie de pensée et d’action. Le processus d’individuation s'explicite par conséquent comme processus de subjectivation. Or la question que posera Iqbal est celle du terme possible ou idéal de ce processus, et sa contribution à cette enquête sur le devenir-sujet constitue une remarquable pédagogie de l'individuation - qui constitue l'objet majeur clé cette thèse. Jusqu'où ce travail de constitution de soi comme sujet à part entière peut-il conduire l'être humain, et que signifie justement de devenir sujet à part entière ? Dans les conférences que prises ici pour objet d'étude (Mohammed Iqbal, Reconstruire la pensée religieuse de l'islam. Six Lectures on The Reconstruction of Religions Thought in Islam, Londres, 1934, traduction de l'anglais par Eva Meyerovitch, Paris, Adrien-Maisonneuve, 1955), Mohammed Iqbal nous tend la figure d'un «Ego Ultime» « Ultimate Self» dont on ne trouve pas d'équivalent dans la philosophie occidentale. Quelle représentation pouvons-nous construire de la finalité du devenir-sujet et de la plénitude - accessible ou modèle - de l’être pleinement sujet ? A la manière kantienne, la même question devient celle-ci : que nous est-il raisonnablement permis d'espérer au terme de notre travail d'individuation ? Pouvons-nous déterminer ce que serait un individu pleinement individué, que son conatus aurait non seulement fait persévérer dans son être mais qu'il il aurait conduit à la plénitude de son activité ?