Le diagnostic et le pronostic de panne en avion
| Auteur / Autrice : | Zefeng Wang |
| Direction : | Jean-Luc Zarader, Sylvain Argentieri |
| Type : | Thèse de doctorat |
| Discipline(s) : | Robotique |
| Date : | Soutenance en 2013 |
| Etablissement(s) : | Paris 6 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L'objectif de cette thèse est de construire un système intelligent, efficace et pratique pour diagnostiquer et pronostiquer les pannes d'avions. Mes recherches portent sur ''La MOdélisation, le DIagnostic et le PROnostic (MODIPRO) de pannes dans les systèmes complexes''. Ce travail s'inscrit dans le cadre d'un projet FUI intitulé MODIPRO, qui est porté par Dassault Aviation, dont l’objectif est de mettre sur marché une solution logicielle. Cette solution logicielle permettra d’analyser la masse de données acquises en vol par un parc d’avions afin d'en déduire des règles de diagnostic et un pronostic de panne. Le système proposé dans cette thèse a été entièrement testé à l'aide de données expérimentales de trois trimoteurs d'avions Z1, Z2 et Z3 (fournies par Dassault Aviation). L'ensemble du système devrait être construit sur une base de données contenant environ 67 heures de vol dossiers impliquant 32 capteurs. Les solutions de diagnostic classiques deviennent de moins en moins applicables pour les avions modernes, dont les systèmes électroniques et mécaniques deviennent de plus en plus complexes. Dans l’état de l’art, la maintenance non planifiée n'a lieu qu'au moment où les pannes surviennent, ce qui est trop tard pour observer les dysfonctionnements; la maintenance planifiée est préventive et doit être réalisée périodiquement et indépendamment de l'état physique de l'avion, ce qui nécessite une quantité importante de ressources financières et humaines. Bien que les tests intégrés soient largement utilisés aujourd’hui, ils prennent également beaucoup du temps car le personnel de maintenance a besoin de se connecter à une boîte de diagnostic de l'appareil après chaque vol. Ces méthodes classiques provoquent souvent un grand nombre de fausses alarmes, par conséquent la maintenance planifiée est encore indispensable aujourd’hui. De plus, les systèmes de diagnostic et de pronostic classique, tels que le management de maintenance conditionnelle (CBM) et la gestion du pronostique de situation (PHM), n’analysent la situation des avions que lorsque ceux-ci sont au sol - en mode «hors-ligne», ils ne peuvent donc pas contrôler des avions en mission. Pour résoudre tous ces problèmes et garantir un taux élevé de participation des aéronefs, le système proposé dans cette thèse utilise des méthodes d'apprentissage automatique pour détecter, isoler et même prévoir les pannes d'avions tout en conservant la fiabilité et la sécurité. Ces recherches font appel aux techniques de traitement du signal, de la reconnaissance des formes et de la classification. D'une part, un modèle de diagnostic permet de déduire la cause « réelle » d’une panne par l’observation et le traitement de signaux acquis en vol. D'autre part, un modèle de pronostic fournit l’état d’avancement d’une dégradation et permet donc d’anticiper ou reporter la maintenance. L’exploitant du système peut utiliser le diagnostic pour identifier et localiser une panne et le pronostic pour arbitrer entre ses besoins d’exploitation, ses coûts de remise en état, les risques de défaillance et leurs conséquences. En plus, ce système peut être utilisé non seulement en mode «hors-ligne», lors de la maintenance d'un aéronef, mais aussi en mode «en ligne», lorsque celui-ci est en mission. Selon les exigences de la situation, les missions du système en ligne et du système hors ligne peuvent être différentes. Le système en ligne est chargé de détecter les pannes et d’envoyer des alarmes au pilote et à la tour de contrôle. Le système hors-ligne nécessite de localiser les pannes et de faire un rapport détaillé au centre de maintenance. En outre, le système a besoin d'analyser les données des vols effectués afin de prévoir des pannes. Afin de garantir la fiabilité du système, différentes méthodes d’apprentissage sont connectées en parallèle comme des sous-systèmes. Ces méthodes peuvent compenser les inconvénients de l'autre. Dans un premier temps, les données sont analysées et pré-classées par une approche classique et simple - l'analyse discriminante linéaire (LDA). Sur la base de ces résultats, une nouvelle approche de la classification appelée SCM est proposé d'améliorer la précision du diagnostic. SCM est différent de SVM qui exige des vecteurs de support à la frontière de chaque classe pour distinguer les différentes catégories. SCM cherche les vecteurs de support de centres et sous-centres véritables de chaque classe au cours de l'apprentissage automatique. Il peut utiliser les centres correspondants comme le modèle de la classe. La classification des données se fait simplement d'après l'éloignement des centres. En outre, SCM peut travailler pour l'analyse pronostique et parfaitement résoudre le problème même dans le cas où les données sont non linéaires. L'évolution temporelle des données de vol est analysée par chaque modèle de panne. Sur la base de l'évolution de la distance entre le nuage de données et les centres du modèle, le système calcule la tendance de l'évolution des données et prévoit les pannes probables. Au-delà d'un pronostic de panne à court terme, le système peut également être utilisé pour faire une évaluation à long terme de l'état des aéronefs. Ceci est plus convaincant et efficace par rapport aux méthodes de régression et aux méthodes statistiques, qui n'ont pas la précision d'une régression à long terme et qui nécessitent plus de temps pour l'analyse des données. Bien que les résultats de diagnostic des SCM et SVM soient déjà satisfait, avec un taux de détection correcte qui dépasse 95%, des réseaux de neurones artificiels (ANN) sont utilisés pour construire un autre sous-système, afin d’analyser l’impact des différents types des capteurs et confirmer les modèles produits par SCM et SVM. Les ANN sont une approche tout à fait différente de SCM et SVM : il s'agit d'un modèle mathématique qui est inspiré par les aspects de structure et fonctionnelles des réseaux de neurones biologiques. Un réseau de neurones est constitué d'un groupe interconnecté de neurones artificiels, et il traite les informations en utilisant une approche connexionniste de calcul. Les capteurs sont répartis en différents groupes correspondants à leur type : température, pression de l'air, etc. Ces groupes des capteurs constituent les entrées des réseaux de neurones, ainsi nous pouvons étudier l'importance de chaque type de capteur d'après leurs poids dans le réseau et les résultats du diagnostic des pannes. Avec ces résultats, on peut déterminer quels groupes des capteurs sont les plus importants pour diagnostiquer chaque type de panne. Les méthodes SCM, SVM et ANN ont besoin beaucoup de temps pour réaliser l’apprentissage, ce qui ne permet pas d’apprendre au cours des vols. Dans certains cas, il peut être nécessaire de reconstruire le système de diagnostic et de pronostic, par exemple si un capteur est perdu pendant la mission. Pour pallier à cela, nous avons ajouté des sous-systèmes basés sur des arbres de décision (DT) et des modèles des mélanges Gaussiens (GMM). L'algorithme C4. 5 apprend automatiquement le meilleur arbre de décision en effectuant une recherche dans l'ensemble des arbres possibles selon les données d'apprentissage disponibles. Donc il est capable de travailler même avec des éléments d'information manquants. Il peut être utilisé pour construire un sous-système capable de restructurer le système de diagnostic à temps si certains capteurs ou informations sont perdus. Les GMM permettent de dessiner le plan des modèles dysfonctionnelles pour surveiller l’évolution des données réelles de l'avion dans le système de pronostic. Contrairement aux systèmes d’experts ou à d'autres méthodes classiques, les méthodes développées dans cette thèse peuvent facilement intégrer de nouvelles pannes et de nouvelles règles dans la base de données : il n'y a pas de conflit entre les nouvelles et les anciennes règles. D’autre part, les capteurs sont susceptibles de tomber en panne, certaines entrées peuvent donc manquer au système. Les mesures des capteurs étant utilisées comme entrées du système, la nature des capteurs influe sur l'exactitude des résultats de diagnostic et de pronostic, ainsi que dans la confiance que l'on peut avoir dans ceux-ci. Pour traiter ces problèmes, le système doit constamment vérifier l’état des capteurs à l’aide d’un modèle physique. Si certains capteurs sont en panne, le système d'origine n'est pas applicable. Il faut alors démarrer une solution d'urgence, comme le réapprentissage rapide de l'arbre de décision afin de construire un nouveau système de diagnostic de panne temporaire. En plus de cela, l'analyse en composantes principales (PCA) et l'analyse discriminante linéaire (LDA) peuvent non seulement réduire la dimension des données d'entrée, mais permettent aussi de visualiser les données en 2D ou en 3D. Ces outils sont très utiles pour observer le pronostic de panne d’un avion ou d’une flotte d’avions à partir des données réelles. D’autre part, ces informations peuvent servir aux ingénieurs pour étudier la nature des pannes observées. Le système décrit ici n'est pas une boîte noire. Bien qu'il soit construit principalement pour les avions de combat, il peut être aussi appliqué à tous les autres types d'avions, nommément des avions civile. D'une part, le système et ses modèles détectant les dysfonctionnements potentiels peuvent être conçus pour éclairer les services de client chargés de surveiller l'état des avions afin d'assurer la sécurité des clients. D'autre part, ce système peut également accumuler les connaissances (y compris les règles de fonctionnement) pour le bureau d’études et parfaire la conception de nouveaux avions.