Thèse soutenue

Les déguerpissements à Phnom Penh (Cambodge). Déplacements forcés et relocalisation contrainte des citadins pauvres

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Auteur / Autrice : Julie Blot
Direction : Olivier Sevin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance le 04/12/2013
Etablissement(s) : Paris 4
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Géographie de Paris. Espace, sociétés, aménagement (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Espaces, nature et culture (Paris)
Jury : Président / Présidente : Michel Rethy Antelme
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Sevin, Christian Bouquet, Charles Goldblum, Véronique Lassailly-Jacob

Résumé

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Au Cambodge depuis le début des années 2000, la forte croissance économique et la stabilisation de la vie politique, après des décennies de guerre, encouragent une importante spéculation immobilière dans la capitale, Phnom Penh. Les bidonvilles sont particulièrement visés par ces investissements privés, ainsi que par des projets d’aménagements publics. L’insécurité foncière qui caractérise ces quartiers informels permet aux autorités de libérer ces terrains par la force. Les déguerpissements de bidonvillois se multiplient et aboutissent à la création de « sites de relocalisation » sur lesquels des parcelles sont distribuées aux déplacés. Hors-la-ville, dans un cadre rural et isolé, ces sites de relocalisation sont une forme de reterritorialisation subie pour les déguerpis qui s’y installent, tandis qu’une partie d’entre eux retournent se reloger en centre-ville. La municipalité et le gouvernement cambodgien présentent ces déguerpissements comme un processus positif permettant de régulariser la situation des plus démunis dans de meilleures conditions de sécurité et d’hygiène. A l’inverse, les anciens bidonvillois estiment qu’ils ont été « jetés au milieu des rizières » sans ressource, sans logement, sans infrastructures. Le déplacement sous contrainte de citadins pauvres représente un choix de société résolument tournée vers le capitalisme et la compétitivité, aboutissant à une nouvelle forme de ségrégation socio-spatiale. La relocalisation apparaît plus comme un moyen d’éloigner les bidonvillois et de s’accaparer les terres qu’ils occupaient au profit d’une élite économique proche du pouvoir, plutôt que comme une façon de régler le problème des bidonvilles.