Sociologie des jeux de hasard. Croyances et rationalité
Auteur / Autrice : | Thomas Amadieu |
Direction : | Pierre Demeulenaere |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 03/12/2013 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Concepts et langages (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : GEMASS (Paris ; 1998-....) |
Jury : | Président / Présidente : Olivier Galland |
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Demeulenaere, Gérald Bronner, Philippe Coulangeon, Patrick Peretti-Watel |
Mots clés
Résumé
Cette thèse vise à rendre compte de la consommation de jeux de hasard et d’argent, y compris dans ses modalités les plus extrêmes, alors même que l’activité transgresse des normes d’usage du temps libre et de l’argent, qui la font apparaitre comme irrationnelle et dotée d’une faible légitimité culturelle. A partir d’entretiens avec des joueurs à Paris (n=51), l’analyse de données quantitatives (Baromètre santé INPES et Budget des familles INSEE) et l’étude des parcours de jeu de personnes consultant dans un centre d’addictologie de Nantes (n=84) cette recherche montre que les joueurs conçoivent la pratique comme une voie alternative d’enrichissement dans un contexte de limitation des ressources et comme une prise de risque délibérée permettant de regagner une forme de contrôle sur leur devenir social. Les surconsommations, assimilées dorénavant à une maladie du cerveau ou de la volonté, résultent en réalité du raccourcissement des horizons temporels du fait de la précarisation et de la dégradation des conditions de vie de la personne dépendante qui la poussent à chercher des solutions de mieux-être à court terme. La prise de risque ludique apparait bien comme une échappatoire à des sentiments de frustration ou d’insécurité, ce qui interdit de n’en faire qu’un problème psycho-médical participant de la légitimation du marché en imposant de nouvelles normes de consommation « responsable ».