Thèse soutenue

Mémoire et oubli de Baudelaire dans l'œuvre de Proust

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Auteur / Autrice : Matthieu Vernet
Direction : Antoine Compagnon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature et civilisation françaises
Date : Soutenance le 23/11/2013
Etablissement(s) : Paris 4
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littératures françaises et comparée (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Littérature française XIXe-XXIe siècles (Paris)
Jury : Président / Présidente : Bertrand Marchal
Examinateurs / Examinatrices : Elisabeth Ladenson, Nathalie Mauriac Dyer, Gilles Philippe

Résumé

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Proust est un lecteur régulier et exigeant de Baudelaire, auquel il consacre des pages critiques qui ont compté dans la réception du poète au cours du XXe siècle. Toutefois, les liens qui unissent les deux auteurs sont loin de se réduire à cette dimension métatextuelle et permettent d’interroger plus avant la notion même d’intertextualité. La principale difficulté dans l’identification de la présence de Baudelaire tient à son côté diffus qui s’inscrit dans les linéaments de l’écriture. Loin d’être explicites, les renvois à l’œuvre du poète se font au mieux sur le mode de l’allusion, sinon au gré d’un filtrage intertextuel et culturel qui gomme presque totalement les traces de ce souvenir. Nous proposons de revenir à une définition de l’intertextualité entendue dans un sens large, associant l’étude du texte à l’histoire et à l’anthropologie culturelles, soulignant ainsi que l’écriture est autant mémoire qu’oubli, et, partant, que la mémoire du lecteur n’est pas moins ambivalente. Atteindre le Baudelaire de Proust suppose ainsi de comprendre quelle idée le romancier se faisait du poète, mais aussi par quelles médiations l’œuvre de Baudelaire, passée au filtre des sensations de Proust, de son histoire, de son époque s’est imprimée dans la Recherche. En d’autres termes, il convient tout à la fois d’établir la sociologie d’une lecture et celle d’un lecteur.Apparaissent ainsi deux Baudelaire : l’un est explicite et rapidement usée par la conversation et l’autre innerve la Recherche. On voit qu’un Baudelaire chasse l’autre, et que les réseaux intertextuels ne peuvent être que souterrains. L’œuvre de Baudelaire chez Proust est ainsi lue au prisme de la mémoire et de l’oubli.